Jadis vivait à Sterpenich un seigneur, peu compatissant et dur envers le petit monde. Certain jour, il fit appeler son coureur habituel et lui dit: « Tu vas porter cette lettre à son adresse, à vingt lieues d’ici, et tu me rapporteras la réponse avant la nuit. Il est bien entendu que tu feras la route à pied ».
L’infortuné messager se mit en route en pleurant, car il savait que ce que le seigneur exigeait de lui était irréalisable.
Chemin faisant, il fit la rencontre d’un nain conduisant un char, attelé de quatre chevaux blancs. Le nain, voyant le messager tout en nage, lui offrit de le prendre sur son char et de le conduire à destination. Inutile de dire que l’offre du nain fut aussitôt acceptée. Par ce moyen cette longue distance put être franchie, et avant la nuit le coureur rapportait la réponse à son maître.
Le seigneur, en apercevant son serviteur, ne put s’empêcher de s’écrier : « Il est impossible que tu aies déjà fait la course, tu me trompes, montre ta réponse ».
Le coureur, en présentant la lettre à son maître, répondit : je suis déjà de retour, je le dois à un nain qui conduisait un char attelé de quatre chevaux blancs et qui a bien voulu me conduire à destination ». – Oh! la bonne plaisanterie, reprit le seigneur, quel est ce nain ? – « Ce nain m’a dit qu’il était le cocher de la mort et qu’il viendrait, ce soir, vous prendre avec son char attelé de quatre chevaux noirs.
A ces mots le seigneur de Sterpenich chancela et tomba inanimé; la frayeur l’avait tué.
Le soir, en effet, le nain, conduisant un char attelé de quatre chevaux noirs, entre dans la cour du castel. S’étant dirigé vers la chambre mortuaire, il emporta le corps du défunt et depuis lors on ne le revit plus dans la contrée, pas plus que son funèbre équipage.