La légende du chevalier du Falkenstein [Königstein im Taunus (Hesse / Allemagne)]

Publié le 16 juillet 2023 Thématiques: Brigand , Combat , Enfant , Exécution , Mort , Noblesse , Punition , Roi | Empereur , Siège ,

Château de Falkenstein
Château de Falkenstein. Source https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Burg-Falkenstein-Taunus-B-10a-JR-2001-08-16.jpg
ajouter aux favoris Ajouter une alerte en cas de modification augmenter la taille du texte reduire la taille du texte
Source: Kiefer F.J. / Légendes et traditions du Rhin de Bâle à Rotterdam (1868) (3 minutes)
Lieu: Château de Falkenstein / Königstein im Taunus / Hesse / Allemagne

A l'époque où l'empereur Rudolphe de Habsbourg cherchait à rétablir l'ordre et le repos dans son empire, en s'opposant de toute sa puissance au droit du plus fort et aux déréglements des chevaliers pillards, habitait au château de Falkenstein le chevalier Kurt de même nom, voleur de grands chemins, téméraire et audacieux. Il ne se contentait pas de piller le voyageur inoffensif et le paisible marchand chargé des objets de son commerce; il attaquait maintefois en compagnie de ses nombreux sicaires des bourgs et des villes qu'il espérait trouver sans résistance. Ce qui contribuait beaucoup à la réussite de ses brigandages, ce qui rendait surtout sa puissance redoutable, c'était la circonstance qu'il semblait se multiplier partout; il avait à ses côtés sept robustes fils qui, tout en faisant le métier pour leur propre compte, exécutaient ses projets avec autant de célérité que d'exactitude.

Les cris de détresse de toute cette contrée affligée par les Falkenstein, parvinrent enfin au trône de l'empereur, et comme les avertissements les plus sévères du monarque furent méprisés par ces malfaiteurs, il partit de Worms accompagné de forces suffisantes et alla assiéger Falkenstein. Le chevalier et tous les siens résistèrent opiniâtrement; mais un assaut exécuté de tous les côtés à la fois réduisit le château qui tomba au pouvoir des troupes impériales. Kurt et ses sept fils furent faits prisonniers.

L'empereur ayant fait le serment que tout chevalier brigand pris les armes à la main passerait avec ses complices par le glaive du bourreau, ordonna l'exécution de ceux de Falkenstein.

Les guerriers impériaux formèrent un grand cercle au milieu de la vaste cour du château, dans l'intérieur de ce cercle les bourreaux attendaient leurs victimes. Rudolphe lui–même entouré d'une suite nombreuse était présent et voulait être témoin de l'exécution de ses ordres. Ce fut une scène saisissante et terrible, lorsque Kurt entra avec ses fils dans cette enceinte lugubre, le robuste vieillard à la tête de ses enfants doués d'une mâle beauté. Parmi les nombreux spectateurs accourus des environs, des voix s'élevèrent pour demander au moins la grâce des fils. Le monarque lui-même fut saisi d'une pitié profonde pour ces malheureuses victimes, et il aurait volontiers pardonné à ces jeunes gens devenus criminels plutôt par obéissance envers leur père, que par l'impulsion de leur propre cœur. Malheureusement le serment du prince était sacré, et rien ne pouvait l'engager à des voies de miséricorde. Il résista même aux supplications de plus d'un noble qui cherchait à conserver la vie au moins à l'un de ces malheureux.

Toutefois pour se rendre en quelque sorte à tant d'instances si pressantes, sans cependant manquer à son serment, Rudolphe accorda la grâce à l'un des jeunes gens à une condition néanmoins dont l'accomplissement paraissait impossible. J'accorderai," dit-il, „la liberté et la vie à celui des Falkenstein auprès duquel le père pourra se rendre après qu'on lui aura coupé la tête; le père désignera ainsi lui-même celui qui doit être gracié.“ Le vieux Kurt qui, jusqu'à ce moment, n'avait détaché de la terre ses sombres regards, les porte aussitôt avec confiance vers le ciel, et offre avec un courage surnaturel son cou au glaive du bourreau. La tête roule à peine dans le sable, que le décapité se dirige d'un pas ferme vers l'aîné de ses fils qui était à ses côtés, puis il va au deuxième, puis aux quatre autres et vacillant jusqu'au cadet il se précipite tout d'un coup par terre.

La surprise et l'horreur s'emparèrent de tous les spectateurs de cette ronde de mort. L'empereur ordonna aussitôt l'élargissement des sept fils qui furent reçus dans son armée, afin qu'ils pussent y effacer la honte de leur vie antérieure par des actions vraiment chevaleresques et qu'ils se rendissent dignes et de la grâce impériale et de l'ordre de chevaliers.


Partager cet article sur :