La légende de la comtesse de Brayère [Chanat-la-Mouteyre (Puy-de-Dôme)]

Publié le 16 juillet 2023 Thématiques: Animal , Cannibalisme , Château , Domestique | Serviteur , Enfant , Noblesse , Remords , Vache , Veau ,

Puy-de-Chanat
FRED sur Wikipédia français., CC BY-SA 3.0 , via Wikimedia Commons
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Source: Bouillet, Jean-Baptiste / Album Auvergnat (1853) (2 minutes)
Lieu: Château du château de la comtesse Brayère / Chanat-la-Mouteyre / Puy-de-Dôme / France

A mi-côte et à l'est du Puy-de-Chanat on voyait il n'y a pas très longtemps encore, les ruines d'un château ayant appartenu à la comtesse Brayère, qui avait un goût très prononcé pour la chair des enfants nouveau-nés. Elle exigeait souvent des habitants du village de Chanat le sacrifice de quelques-uns de leurs enfants qu'elle se faisait apporter par son maître-queux. Un jour, cet homme éprouva des remords et résolut de faire revenir la comtesse à des sentiments plus humains. Il prit un veau nouvellement né, l'accommoda de la même manière que les petits enfants et le fit servir à la table de la comtesse, qui fut complètement trompée. Elle n'avait pas encore achevé son repas, lorsque des gémissements plaintifs se firent entendre dans le cour du château; elle envoya quelqu'un s'enquérir de ce qui se passait, et on lui rapporta que ce qu'elle venait d'entendre était le mugissement douloureux poussé par une vache a qui on venait d'enlever le veau et qui, pour le chercher, avait rompu les liens qui la retenaient à l'étable. A ce récit, la comtesse fut émue, elle plaignit la pauvre bête, et donna des ordres pour qu'on lui rendît son veau; mais on lui dit que la chose était impossible, puisqu'on venait de le lui servir à la place d'un enfant !

A ces mots, la comtesse étonnée fit venir son maître-queux, lui demanda les motifs de sa conduite, et lui fit de vifs reproches sur sa dureté et sur sa tromperie. Il lui répondit : «Et vous, madame n'avez-vous rien à vous reprocher ? Vous plaignez aujourd'hui une pauvre vache dont on a enlevé le veau, parce que vous avez vu sa douleur, mais n'éprouvent-elles donc rien ces pauvres mères dont VOUS faites enlever les enfants? Vous ne croyez pas en leurs larmes, parce que .vous ne les avez pas vues, mais si vous en aviez été témoin comme moi, vous cesseriez d'exiger ce tribut de sang.»

A ces paroles la comtesse s'écria « Désormais plus de pareils sacrifices, je reconnais mes crimes, et je les déplore amèrement, je réparerai mes torts. » Elle tint en effet parole et fit de pieuses fondations. Entre Menat et Montaigut, existent, à ce qu'on croit, sur un monticule, les ruines du château de la comtesse Brayère. On vous montre dans le ruisseau qui coule au bas un trou circulaire où elle avait la précaution de précipiter les enfants pour les laver avant d'en faire sa nourriture. Plusieurs villes, plusieurs châteaux, Issoire, Pontgibaud, Montferrant, Orcival, Olloix, Chanat, se disputent l'habitation de la célèbre comtesse Brayère, fondatrice d'un magnifique temple à Issoire, d'un monastère à Montferrant, et chacun a des anecdotes à rapporter sur son compte; dans la montagne principalement, où les longues veillées d'hiver sont employées à raconter des histoires de revenants et de sorciers, la comtesse joue toujours un grand rôle.


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