Non loin de la gentille et ravissante ville de Neuwied s'élève sur un rocher escarpé entouré de forêts aériennes et tout près des bords du Rhin, la forteresse de Hammerstein depuis longtemps tombée en ruines. Suivant quelques chroniqueurs elle doit ce nom à son fondateur Charles Martel (Hammer) suivant d'autres au rocher (Stein) sur lequel elle est assise et qui a de la ressemblance avec la forme d'un marteau.
C'est là que demeurait au commencement du 11. siècle le Comte Othon de Hammerstein. Ce chevalier avait entamé avec l'évèque Erkenbold de Mayence une hostilité longue et sanglante, et comme le Seigneur spirituel ne pouvait rien par la force des armes contre le vaillant et valeureux comte, il cherchait à lui nuire d'une autre façon. Une occasion telle que la désirait le prélat vint bientôt s'offrir d'elle-même, et voici comment: Othon épousa la belle Irmégarde, sa tante. Or, d'après les lois canoniques, il fallait pour une union d'aussi poches parents la dispense papale. Le Comte ayant obstinément refusé de demander cette permission, l'évèque se hâta d'excommunier son adversaire, et de déclarer par une sentence synodale le mariage nul et non-avenu.
Cependant le prélat n'ayant pas réussi à détruire le bonheur du jeune couple, et l'excommunication ne produisant pas plus que la sentence, l'effet qu'il en avait espéré, s'adressà à l'empereur Henri II. Il ne cessa d'importuner le monarque, le priant de soutenir les commandements de l'église par la puissance temporelle, et de châtier l'incestieux Othon.
L'empereur, trop condescendant pour le clergé, se laissa bientôt gagner par l'évèque et se rendit en personne au siège de Hammerstein avec une armée considérable. La garnison se défendit avec autant de courage que d'adresse; le siège dont l'issue n'était pas douteuse, pouvait cependant traîner en longueur, et l'empereur fatigué d'attaques infructueuses souvent répétées, aurait volontiers saisi une occasion pour en finir honorablement.
Dans une sortie que fit le Comte accompagné de sa vaillante moitié, ils furent tous deux et accidentellement blessés de coups de flèches et durent retourner à la forteresse couverts de sang. L'empereur ayant été informé de cet accident, dit à l'évèque: „En vérité, m'est avis que nous ne parviendrons jamais à dompter le courage de ces amants. Voilà pourquoi nous terminerons ces hostilités, d'autant plus que le sang, cause de leur péché, a coulé et “que la faute a été expiée de cette manière. Je vais en faire informer le Comte, et vous même, je le veux, unirez le couple avec les cérémonies et la bénédiction de l'église.
Ainsi fut-il fait. Une réconciliation sincère mit pour toujours un terme à la guerre, et Othon célébra avec ses nobles hôtes la fête la plus brillante qu'on eût jamais vu dans les salles du château de Hammerstein.