Nigra sum sed formosa , dit une antienne qui se chante à l’office de la Vierge. Il faut en conclure que la Vierge était noire, et que le mot brune n‘est pas suffisant pour désigner la couleur de son teint.

En effet, elle était si noire la Vierge des Voirons, que les villageois l’appelaient la moricaude, sans croire pour cela lui manquer de respect.

L’ermitage des Voirons renferma plus d’un hôte illustre; mais si le plus illustre fut Charles-Auguste de Sales, neveu du grand saint François, le plus célèbre fut le frère Grillet. Ce pauvre cénobite, resté seul pour garder le couvent pendant un hiver rigoureux, subit une captivité volontaire de plusieurs mois, sans pain, sans feu et sans pouvoir sortir pour demander du secours, tant la neige était haute et les communications difficiles.

Quelle belle occasion c’était pour Satan de renouveler ses plaisanteries familières el d’un goût équivoque.

Le frère Grillet est un second saint Antoine, et les tentations auxquelles celui-ci résista ne sont que de la saint Jean auprès de celles qui assaillirent celui-là. Tous les deux triomphèrent de l’esprit du mal, et pourtant le frère Grillet attend encore sa canonisation.

Les ermites des Voirons suivaient une règle sévère qui prescrivait en divers cas la haire et la discipline. Le monastère prospérait quand il devint la proie des flammes. C’était le 10 août 1769, fete de saint Laurent dont le gril a acquis une certaine célébrité.

Les ermites durent se retirer à Annecy, et la Vierge noire se tira d’affaire toute seule. Sauvée miraculeusement de l’incendie, elle alla demander un abri aux fidèles de Boëge, qui s’empressèrent de lui faire une place convenable dans leur église.

La Vierge noire de Boëge est donc la même que la Vierge des Voirons dont la légende s’est occupée à son tour.