Vers le milieu du XVIIIe siècle vivait au château de Sancé, situé sur la commune de Saint-Martin d'Arcé et sur les confins extrêmes de celle de Montpollin, un seigneur (probablement de la famille Ridouet de Sancé) qui a laissé dans le pays la réputation d'une très grande dureté envers ses sujets. Il mettait, dit la tradition, ces derniers dans l'obligation de fouetter à certaines heures, avec de petites baguettes, l'eau des douves qui entouraient sa demeure, afin d'effrayer les grenouilles qui y avaient élu domicile, et de les empêcher ainsi de coasser et de troubler son sommeil. La corvée accomplie par les manants n'était pas, paraît-il, suffisamment efficace, et le seigneur, dont le repos était sans doute encore troublé par la gent aquatique et bruyante, s'adressa, de guerre lasse, à un « ménétrier » du village de Hubault en Saint-Martin d'Arcé, pour obtenir que celui-ci mît un terme au concert des batraciens. Ce ménétrier, en effet « conjura » les grenouilles du château, qui depuis ne firent plus entendre aucun bruit. Les empoisonna-t-il? Par quel procédé eut-il raison de leurs coassements ? C' est ce que la légende ne dit pas.
Ce fait s'est transmis par la tradition, et aujourd'hui une locution populaire très en cours existe encore à ce sujet ; pour signaler qu'une personne s'est tout à coup trouvée muette d' étonnement, ou qu'elle a été prise au dépourvu dans sa réponse, on dit : « Elle est comme les grenouilles de M. de Sancé, elle a la goule (gueule) morte. »