La légende du collier de perles d'Huberte de Scey [Chenecey-Buillon, Chassagne-Saint-Denis (Doubs)]

Publié le 23 octobre 2023 Thématiques: Abbaye | Monastère , Bijoux , Château , Guerre , Légende chrétienne , Miracle , Mort , Noblesse , Prière , Prison , Prisonnier , Relique , Vierge ,

Le château de Scey
JGS25, CC BY-SA 4.0 , via Wikimedia Commons
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Source: Thuriet Charles / Traditions populaires du Doubs (1891) (2 minutes)
Lieu: Abbaye Notre-Dame de Billon / Chenecey-Buillon / Doubs / France
Lieu: Château de Scey / Chassagne-Saint-Denis / Doubs / France

La maison de Scey est sans contredit une des plus anciennes maisons nobles de la Franche-Comté. Elle a brillé d'un grand éclat à l'époque féodale. C'est à l'ombre du donjon ruiné de Scey-en-Varais que vit encore dans la légende qu'on va lire le poétique souvenir de la dame Huberte et de son collier de perles.

En ce temps-là, dit la tradition, Pierre de Scey-en-Varais dut partir pour la guerre sainte. Huberte, sa jeune épouse, resta seule au manoir avec son premier né, encore à la mamelle. La séparation, comme on le peut croire, avait été bien douloureuse. Pierre, en embrassant Huberte pour la dernière fois, avait dit en lui-même: Dieu le veut !

Bientôt, dans une sanglante bataille où il lutta jusqu'au dernier péril, Pierre de Scey est fait prisonnier. Son vainqueur impitoyable le fait jeter dans une prison humide, en exigeant pour sa rançon une somme exorbitante. Un an lui est accordé pour payer ou mourir. Payer ?..... Le pauvre prisonnier n'y songe même pas. Il se résigne à son sort et écrit à sa femme pour lui faire de suprêmes et touchants adieux. Quand ce triste message arriva au pays, un incendie venait de dévorer le château de Scey; et, pour comble de maux, la disette régnait dans la contrée. La dame de Scey se trouvait sans asile et sans ressources; mais son amour la soutint. « Si mon seigneur doit mourir, dit-elle, il faut au moins que ce soit près des siens. » Elle part donc tout de même, emportant avec elle, dans ses bras, son cher enfantelet. Guidée sans doute par la Sainte Vierge, dont elle n'avait cessé d'implorer l'appui, elle arrive, mais les mains vides. Aussi ne lui permet-on même pas de voir son époux.

Cependant Pierre de Scey devait être mis à mort le lendemain. Dans ce péril extrême, la Vierge apparut la nuit à sa protégée. Elle lui remit en souriant un collier à trois rangs de perles d'une valeur inestimable. Ces perles, lui dit la Vierge, ce sont les pleurs que vous avez versés au pied de mes autels. Voilà la rançon trouvée et la délivrance du captif obtenue. Il paraît même que le vainqueur se contenta de quelques-unes des perles; car le seigneur de Scey, de retour dans ses domaines, y répandit de grandes largesses, et lorsqu'il déposa ensuite dans l'église de l'abbaye de Buillon, qu'il avait réparée et enrichie, le merveilleux collier renfermé dans un reliquaire, il n'y manquait encore que deux rangs de perles. Et le vieil abbé de Buillon, montrant plus tard ce trésor aux curieux visiteurs de son monastère, disait : Voilà ce qui reste des larmes de la dame de Scey.


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