On raconte [...] sur Charnacé, à Auverse, l' histoire du cordonnier qui, chaque fois qu'il avait une paire de chaussures à confectioner pour ce seigneur, devait fournir trois chaussures, et, pour prouver qu'elles étaient bonnes (?) en manger une en présence de Charnacé ! Un ouvrier de ce cordonnier étant allé un jour porter une paire de chaussures au château, sans être muni de la troisième chaussure supplémentaire, Charnacé entra dans une violente colère et voulut faire un mauvais parti au commissionnaire ; mais celui-ci, qui était d'une corpulence et d'une force extraordinaires, ayant saisi un sabre à sa portée, en fit des moulinets terribles, et, pour donner une idée de sa dextérité et de son énergie, décapita deux chenets en fer qui ornaient le foyer. Cette prouesse intimida Charnacé, qui le laissa partir sans autre vexation.
Une variante de la même anecdote dit que l'ouvrier cordonnier ayant sorti une prune de sa poche la piqua à la pointe de son sabre, et la présentant à Charnacé lui dit : « Non, je ne mangerai pas de soulier, mais c'est toi, tyran, qui mangeras la prune ou le prunier. Choisis ce que tu veux ! »
Le seigneur comprit qu'il avait affaire à plus fort que lui, et par crainte d'une décision extrême de l'ouvrier, il s'empressa de manger la prune.
Rentré chez son patron à Noyant , l' ouvrier cordonnier raconta son aventure, mais à la suite des conseils qui lui furent donnés de fuir pour éviter les représailles certaines de Charnacé, il s' empressa de quitter la contrée.