Le bréviaire du Diable du curé de Cour [Baume-les-Dames (Doubs)]

Publié le 22 novembre 2023 Thématiques: Diable , Jeu , Moral , Prêtre | Curé , Transformation ,

Eglise Saint-Pierre et Saint-Paul de Cour
Espirat, CC BY-SA 4.0 , via Wikimedia Commons
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Source: Thuriet Charles / Traditions populaires du Doubs (1891) (2 minutes)
Lieu: Eglise Saint-Pierre et Saint-Paul de Cour / Baume-les-Dames / Doubs / France

Parmi les excellents conseils contenus dans le cathéchisme de Mgr de Villefrançon et de Mgr de Durfort, archevêques de Besançon, que nous avons appris dans notre jeunesse, mais que nous n'avons pas toujours mis en pratique, il en est un ainsi formulé dans l'instruction IV: « Il est meilleur de ne point jouer du tout aux cartes que d'y jouer quelquefois. »

De tout temps le clergé franc-comtois, qui est cependant un clergé modèle au point de vue des mœurs et de la discipline, a fait assez peu de cas de cet avis des évêques concernant le jeu de cartes.

On va voir pourtant, par l'histoire suivante qui date du temps de Charles IX, que nos évêques n'avaient pas tort.

En ce temps-là, comme aujourd'hui, nos bons curés se réunissaient pour conférer entre eux des intérêts de la religion. Ces réunions, appelées conférences, se passaient alors comme à présent. On arrivait à la cure désignée pour le lieu de la conférence entre onze heures et midi. On devisait dans le jardin ou dans la cour jusqu'à ce que l'Angelus de midi eût sonné et que le dîner fût servi. On dînait copieusement et longtemps, puis on jouait aux cartes jusqu'à la tombée de la nuit. Alors chacun regagnait sa paroisse par le chemin le plus court.

Une fois, le bon vieux curé de Cour revenait de Baume où, ce jour-là, en particulier, il avait montré pour le jeu une passion extraordinaire. En suivant le chemin de traverse, lieu dit en Vaudin, il se rappelait avec délice les succès merveilleux qu'il avait eus dans tout le cours de l'après-midi. Son imagination était remplie de cartons superbes qui passaient et repassaient sans cesse devant lui. Tout à coup un inconnu qui marchait à grands pas derrière lui le devance en lui heurtant légèrement le bras. Comme cet inconnu n'avait dit ni bonsoir ni excuse, le bon curé l'interpella par ces mots : « Mais, mon brave homme, vous passez bien fièrement. » Sur quoi l'inconnu répondit d'une voix singulière : « Curé ! vous portez un jeu de cartes sous votre bras. » Et il continua sa route à pas précipités. Le pauvre prêtre qui croyait porter son bréviaire sous le bras, s'aperçut avec confusion qu'il portait effectivement un jeu de cartes. Il crut, sans aucun doute, que le diable en passant près de lui lui avait pris son bréviaire et l'avait remplacé par des cartes. Il se hâta de brûler ce jeu en rentrant chez lui et onc depuis il ne voulut jouer aux cartes. En racontant cette aventure il ne manquait pas de répéter ces paroles : « Il est meilleur de ne point jouer du tout aux cartes que d'y jouer quelquefois.»


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