Du temps que le doyen du dôme de Strasbourg était retenu prisonnier au château de Windeck situé au-dessus de la petite ville de Bühl, vivait à Wolfshag, au bas de la colline une bonne femme très âgée connue par le peuple uniquement sous le nom de petite femme des bois, dont toute la richesse consistait en quelques poules blanches d'une taille extraordinaire. Un soir que cette vieille était assise devant sa porte, il vint à elle deux fort beaux enfants qui lui demandèrent quel était le plus court chemin pour se rendre au château de Windeck, après quoi l'aîné ajouta: «Notre oncle, le doyen de Strasbourg, qui jusqu'à présent nous a tenu lieu de père, est là haut prisonnier à Windeck, nous allons prier le maître du château de le remettre en liberté et de nous garder en otage, jusqu'à ce qu'il ait payé sa rançon.» «Soyez tranquilles, mes enfants,» répliqua la vieille femme en souriant, «je veux moi-même racheter le doyen. D'après ce qui m'a été communiqué par des émissaires, les Strasbourgeois attaqueront le château du côté les plus faible, vers la forêt de sapins, près de la croix. Ainsi, emportez la plus belle de mes poules comme rançon, racontez au chevalier Reinhard ce que vous avez appris de moi, dites-lui de faire creuser aussi vite que possible un fossé en cet endroit, car les Strasbourgeois ne tarderont pas à venir, et comme je suppose que ses gens ne finiront pas à temps ce travail, il doit porter la poule en cet endroit, après le coucher du soleil, et la placer sur croix, elle viendra bien à bout de cet ouvrage.»
Les enfants quittèrent alors la vieille et se dirigèrent vers la montagne, où, à moitié chemin, ils rencontrèrent le chevalier Reinhard, qui les accompagna jusqu'au château et les mena chez leur oncle le doyen. Le soir, après que le soleil fut couché, le chevalier, suivant les instructions de la vieille, porta la poule vers la croix. Lorsqu'il revint à minuit en cet endroit, la poule avait disparu, et, à son grand étonnement, il vit un fossé large et profond bordé d'un solide rempart, contre lequel, le lendemain matin, échouèrent les attaques des Strasbourgois qui, après avoir essuyé de grandes pertes, furent obligés d'abandonner le siège de Windeck.
Quelques jours après, Jean de Ochsenheim, doyen de Strasbourg, s'en retourna avec ses deux pupilles à Strasbourg, où les habitants le reçurent avec enthousiasme.