La légende de l'attaque de l'abbaye de Lichtenthal [Baden-Baden (Karlsruhe / Allemagne)]

Publié le 25 mars 2024 Thématiques: Abbaye | Monastère , Apparition , Attaque , Fuite , Légende chrétienne , Miracle , Pillage , Protection , Sœur | Moniale , Soldat , Statue de la Vierge , Vierge ,

Abbaye de Lichtenthal
Abbaye de Lichtenthal. Source Gerd Eichmann, CC BY-SA 4.0 <https://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0>, via Wikimedia Commons
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Source: Anonyme / Les légendes des environs de Baden-Baden (1870) (2 minutes)
Contributeur: Fabien
Lieu: Abbaye de Lichtenthal / Baden-Baden / Karlsruhe / Allemagne

Lorsque les guerres sanglantes, qui se déclaraient autrefois si fréquemment entre les Allemands et les peuples étrangers eurent pénétré dans les pays du Rhin, les troupes ennemis s'approchèrent aussi de la belle vallée de l'Oos, ce dont les religieuses du couvent conçurent de vives inquiétudes, qui dégénérèrent en un grande anxiété, car il leur était déjà souvent parvenu aux oreilles des bruits peu rassurants sur l'insensiblité inouïe et la sauvage cruauté, avec laquelle les ennemis se conduisent ordinairement, comme ils ont l'habitude d'incendier les villes et de massacrer les enfants sans défense, les femmes et les vieillards. Alors les religieuses pensèrent à fuir. Mais auparavant elles descendirent en procession solennelle dans l'église du couvent, pour se fortifier avant d'entreprendre ce pénible voyage. Après cela, l'abbesse se leva et s'approcha d'un autel latéral, sur lequel était placée une image de la vierge, sculptée, suspendit les clefs du couvent à l'un des bras, et levant les mains vers le ciel, elle s'adresse à haute voix à la mère du sauveur du monde, la prie instamment de prendre sa protection leur chère maison de Dieu, qui n'a encore jamais été profanée et a servi à ses dévouées servantes pendant de longues années, de favoriser dans leur fuite ces vierges abandonnés et sans secours, de les défendre et de leur accorder un lien de refuge. L'abbesse n'avait pas encore cessé de parler, qu'un habitant de la vallée entra précipitamment, tout ensanglanté et les habits déchirés, annonçant, qu'il venait d'échapper à grand' peine des mains d'une foule de pillards, qui allaient attaquer le couvent.

Un cri unanime d'effroi fut la réponse à ce terrible message, et il n'y avait plus à penser à rester d'avantage. Les religieuses, frappées de terreur sortirent au plus vite par une porte latérale de l'église, qui donnait sur le jardin et se hâtèrent de gagner le haut de la vallée. Elles n'étaient pas encore fort éloignées des murailles du couvent, que l'on entendit de grands coups appliqués avec violence contre la grande porte fermée, qui dut bientôt céder aux efforts de la foule, qui entra avec impétuosité, de sorte que les battants de la porte furent enfoncés avec fracas, et les bandes effrénées, que rien ne pouvait plus arrêter, et avides de sang et de pillage pénétrèrent avec violence sous les saints portiques. Les ennemis étaient déjà parvenus près de la porte de l'église, qui s'ouvrit lentement pour leur livrer passage, et, sous l'arceau de la porte voûtée apparut l'image de la Vierge, environnée de la splendeur rayonnante du ciel, qui d'un air menaçant et irrité présenta les clefs à cette foule, qui allait entrer avec violence. A cet aspect, un effroi subit et inexplicable s'empara de ces hordes sauvages, qui se sauvèrent comme de forcenés et ne s'arrêtèrent pas avant d'avoir les murailles du couvent bien loin derrière eux. L'église et le couvent furent sauvés, et lorsque les religieuses rentrèrent dans leurs cellules, elles trouvèrent tout sain et sauf, comme elles l'avaient laissé. L'image de la Madone, qui a opéré ce miracle, est encore aujourd'hui dans le chœur du couvent. Elle est sculptée en bois, peinte avec des couleurs variés, et témoigne l'ouvrage d'un ancien maître de l'école byzantine.


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