On sait que saint Christophe était un géant dont le plus petit doigt avait plus d'une aune d'épaisseur. Les images de ce saint étaient jadis fort répandues.. On leur donnait ordinairement une hauteur prodigieuse, et une croyance populaire attribuait aux images de saint Christophe le pouvoir d'empêcher de mourir subitement ou accidentellement ceux qui chaque jour en pouvaient voir une. « Christophorum videas, disait-on proverbialement, postea tutus eas. » On plaçait à ce dessein des statues de saint Christophe au portail des cathédrales ou à l'entrée des églises pour que chacun les vît en y entrant. Le nom de ce saint, signifiant en grec porte-Christ, on le représentait souvent portant l'enfant Jésus sur ses épaules. L'imagination du peuple a enfanté une multitude d'histoires fabuleuses sur ce grand saint.
A Nans-sous-Sainte-Anne, en visitant le gigantesque portique de la grotte Sarrasine, on fait remarquer sous le vaste ciel de pierre, appelé le Manteau de Saint-Christophe, une tache sombre que la tradition locale dit être l'empreinte des épaules du géant. La même tradition ajoute que le manteau de saint Christophe, qui couvrirait la façade entière de Notre-Dame de Paris, n'est que l'entrée de la grotte Sarrasine, caverne sans fond où des armées innombrables ont trouvé refuge.