Non loin de Château-d'Oex, s'élève une montagne qu'on nomme dans le pays « la Becque de Tchou-Hans » appelée aussi « les Mossettes. » Elle est située au-dessus du grand Pâquier. D'où provient ce nom baroque ?
Une vieille tradition raconte qu'autrefois un fonctionnaire allemand, représentant de « Nos Très Illustres Seigneurs de Berne, domicilié à Château-d'Oex, avait réussi à se rendre des plus antipathiques à la population par sa manière d'être, son grossier langage et ses procédés. Comme on s'en souvient, les représentants de leurs Excellences, dans le pays de Vaud, n'étaient pas toujours la douceur et la grâce personnifiées. Or, celui dont il est ici question, portant le nom de Hans, devenait, paraît-il, de plus en plus insupportable à la population. Aussi, un beau jour, à l'occasion de je ne sais plus quelle affaire, il arriva qu'il reçut au bas des reins, d'un vieux montagnard, le géant Pâtho, peut-être, un si vigoureux coup de pied, qu'il s'en fut choir là-haut, sur ce mamelon, où son gros corps, en tombant, « s'éclafa! »
En patois, le mot tschou signifie « gare! va-t'en! » (tchouie-té! prends garde!) Le surnom de Becque de Tchou-Hans rappelle donc le procédé énergique employé pour obliger ce pauvre magistrat bernois à vider rapidement les lieux. « Tchou-Hans! » veut dire ainsi : « Va-t-en, Hans ! » Cet ordre peut se traduire d'une manière plus énergique encore et plus brutale dans notre patois ou français vaudois par le mot : « Ouze! décampe! va dehors ! » qui vient de l'allemand: aus; geh'aus!