La légende de la statue de Notre-Dame de Layre [Ambert (Puy-de-Dôme)]

Publié le 21 septembre 2023 Thématiques: Chapelle , Choix emplacement , Déplacement , Déplacement impossible , Guerre de religion , Innondation , Protestant , Statue , Statue de la Vierge , Statue impossible à déplacer , Vierge ,

Chapelle Notre-Dame de Layre
Chapelle Notre-Dame de Layre. Source Google Street View
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Source: Grivel, Louis Jean (abbé) / Chroniques du Livradois (1852) (3 minutes)
Lieu: Chapelle Notre-Dame de Layre / Ambert / Puy-de-Dôme / France

Notre-Dame des Sept Douleurs plus tard Notre-Dame de Layre d'Ambert, était représentée au pied de la Croix, tenant son fils qui vient d'expirer sur ses genoux et ayant le cœur percé de sept glaives. Cette statue, dont on ignorait l'origine, mais qu'une pieuse tradition faisait regarder comme un don du Ciel, paraissait appartenir à l'antiquité la plus reculée. Le Livradois tout entier, qui avait passé par de si fréquentes et de si dures épreuves, s'était mis sous la protection de la Vierge aux Sept Douleurs. Durant les jours de dangers, de calamités et de misères, notre contrée s'en remettait à sa divine Patronne :

Endormie est la périllée,
Mais Nostre Dame est éveillée.
Oncque ne fut la glorieuse
Ni sommeillanz ni paresseuse ;
Et nuict et jour la Vierge monde
En esveil est por to le monde;
S'èle dormest une sole ore,
Trébucherait par les méffetz
Que nous ferons et avons fetz.

On prétend que pour soustraire la statue dont nous venons de parler aux profanations fanatiques des huguenots, un dévot à Marie la cacha et la fit bátir et murer dans un coin de sa maison, située au lieu de Layre. Cependant le servité ou serf de la Reine du Ciel mourut pendant les troubles civils et religieux et emporta son secret avec lui. La Dame céleste et si vénérée du Livradois resta cachée et inconnue à tous jusqu'à l'année 1631. A cette époque, notre pays et en particulier les environs de la ville d'Ambert, éprouvèrent des inondations désastreuses. Le petit ruisseau qui coule à son midi ayant grossi considérablement, entraina l'angle de la muraille du moulin de Layre « où avait été cachée et murée la statue de la Sainte-Vierge, qui fut ainsi précipitée dans les eaux, y surnagea pendant un temps considérable sans jamais s'éloigner, au grand étonnement des habitants d'Ambert, qui accoururent en foule pour être témoins de ce prodige.» Dès que les eaux eurent baissé, on en retira la statue qu'on regarda dès lors, avec plus de fondement que jamais, comme un présent du Ciel. On la plaça dans le coin de la maison la plus proche de la voie publique; c'est là qu'elle commença à être appelée Notre-Dame de Layre. Le Seigneur se plut bientôt à faire voir combien il agréait le culte qu'on y rendait et les vœux qu'on adressait à sa glorieuse Mère; les miracles s'y multipliaient sans interruption. On voulut transporter la précieuse statue et la placer dans l'église paroissiale de Saint-Jean d'Ambert. Tout était disposé pour rendre cette translation digne de celle qui en était l'objet; mais on fit de vains efforts pour l'enlever, car ceux qui avaient été choisis pour la déplacer et la transporter devinrent tout à coup immobiles sans pouvoir ni avancer ni reculer. Pour obéir donc à la volonté du Ciel qui se manifestait par un prodige si surprenant, on éleva tout près de là (1660) un oratoire à Notre-Dame de Layre, où elle fut placée avec grande pompe. Devenu trop petit, à raison des visiteurs sans nombre qui y affluaient, on remplaça cet édifice par une belle chapelle (1671), bâtie du produit des libéralités des fidèles. [...]

Lorsqu'il mourait des enfants sans baptême dans le Livradois, dans le reste de la province et même dans plusieurs provinces voisines, les parents portaient tout aussitôt et en grande hâte ces petites et infortunées créatures dans la chapelle de Notre-Dame de Layre. Ils les plaçaient sur le marchepied de l'autel, dans l'espérance que Dieu, par l'intervention de sa divine Mère, qu'ils priaient avec une effusion pleine de larmes et de sanglots, daignerait les rappeler à la vie, afin qu'ils pussent recevoir la grâce inestimable de ce premier sacrement qui nous fait enfants de Dieu. Un jour, à côté de son nouveau-né, sans mouvement, sans vie, était une pauvre mère, pâle, mourante, presqu'aussi morte que lui, s'affaissant sur elle-même. On n'avait pu la retenir; elle était sortie de son lit, et, poussée par une attraction toute puissante, elle s'était traînée aux pieds de la Mère des Sept Douleurs, pour lui parler d'une douleur qui n'a pas de pareille sur la terre, celle de la perte de son enfant mort sans baptême, de sa perte éternelle. Elle pleurait et suppliait, pleurait et suppliait toujours, la mère inconsolable. Le clergé et les fidèles chantaient en chœur les litanies, touchantes invocations qui contiennent tour à tour une action de grâces, une demande, une espérance! Toujours immobile était l'enfant, toujours désolée était la mère. On arrive enfin, avec un redoublement de ferveur, à cette appellation: Regina angelorum, Reine des anges! Et voilà qu'un doux incarnat colore soudain les joues. bleuies de l'enfant, son sang circule, l'apparence du sourire semble se montrer sur ses lèvres devenues vermeilles. Aussitôt l'eau sainte coule sur ce front qu'elle régénère et marque du sceau de l'immortalité. Mais bientôt l'enfant détourne la tête, heureux d'être dispensé de la rude épreuve de la vie, il s'endort de nouveau...... pour se réveiller dans le Ciel.

Le petit ange va rejoindre la Reine des anges, et prier pour la mère qu'il laisse ici-bas.


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