Lorsque l'on va de Montauban à Boisgervilly, à mi-route, on trouve une petite chapelle. Sans aucune architecture, cette humble construction ne ressemble point à ses voisines aux chapelles de Lannelou et de Saint-Maurice. Voici la légende que me conta un jour une personne pour qui cette histoire était une tradition de famille.
Il y avait une fois un riche fermier au Boisgervilly qui s'appelait Giau. Une après-midi, il s'en fut comme d'habitude chercher son troupeau dans la lande; après avoir regardé de tous côtés, il ne trouva aucune de ses bêtes. Le lendemain il en fut de même, celui d'après aussi. Désespéré, Giau promit alors à saint Antoine de lui sculpter une statue avec un vieux poirier qui se trouvait dans son jardin. A peine avait-il fait ce vœu, qu'il lui sembla qu'un bandeau lui tombait des yeux, et, à son grand ébahissement, il vit son troupeau broutant paisiblement autour de lui.
Giau se rappela sa promesse et fit faire une statue à saint Antoine avec son poirier et la fit placer dans l'endroit témoin de ce prodige. Un jour cependant on voulut l'enlever pour la transporter à l'église de Boisgervilly. Mais arrivé à moitié route, il fut impossible d'aller plus loin: la statue devint tout à coup tellement pesante que sept chevaux ne purent même la remuer. A cette vue, les habitants du Boisgervilly résolurent de ramener la statue. Cette fois un seul cheval suffit et saint Antoine revint dans sa lande.
Depuis on bâtit une chapelle et ce lieu devint un pèlerinage.