[...] Un dimanche soir, Jean Paulet, tisserand de Chalèze, revenait d'Amagney avec un gros paquet de fil d'étoupes, au bout de son bâton. Il avait bu avec ses pratiques un peu plus tard qu'il ne fallait, si bien qu'il n'était sorti du village qu'à la nuit noire. Comme il marchait en causant tout seul, suivant sa coutume, surtout quand il avait bu, il entendit une voix plaintive qui semblait l'appeler: Hé! Jean Paulet! Jean Paulet! Le tisserand s'arrêta, puis, croyant avoir mal entendu, il se remit en route, car il avait hâte de rentrer chez lui. Mais la même voix reprit encore: Jean Paulet! Jean Paulet! Jean Paulet quitte alors le grand chemin et se dirige où on l'appelle. Le voilà qui s'en va tratelant cahin caha, trébuchant à toutes les mottes et le fil dansant au bout de son bâton, comme il fallait voir. S'il s'arrêtait, la voix plaintive redisait aussitôt : Hé! Jean Paulet! Jean Paulet! Si bien que le tisserand impatienté lui crie: « Mais à la fin, braillard maudit, que me veux-tu ? » – Jean Paulet! Jean Paulet! et le pauvre Jean Paulet marcha tant que la nuit fut longue, égaré par cet esprit qu'il ne put joindre ni seulement apercevoir.
Le lundi matin, un homme de Roche rencontra dans les champs de la Vaivre Jean Paulet qui dormait profondément la tête appuyée sur son paquet d'étoupes.
Ce crieur invisible, c'est la Dame verte.