Au-dessous du Folly, dans un lieu appelé le Creux aux mèges, sur les monts de Villars, il y avait une maison hantée par un servant très connu. On l'appelait «lu servan [lutin] à Hugonin » nommé plus tard par d'autres « lu servan à de Joffrey. » C'était à l'époque où chaque famille un peu à son aise en avait un à son service. La nuit, il accusait sa présence « en tapant sur les senailles. » On lui portait à manger au galetas. Sa nourriture disparaissait sans faute.
Ce fut lui, entre autres, qui occasionna un jour la mort d'un pauvre « molare » (aiguiseur de couteaux) qui passait par là, en se dirigeant vers les hauteurs qui dominent l'Alliaz. Le brave homme marchait seul, ayant sur son dos sa petite armoire de bois, munie de la grande roue traditionnelle. Faisait-il du vent, l'essieu était-il trop bien graissé, ou les branches du chemin s'en mêlaient-elles? Bref! la roue, à diverses reprises, se mit à tourner sur les épaules du « molare ». Convaincu que ce ne pouvait être que le malin esprit qui avait pris siège sur son dos et lui faisait cette farce, il en eut une frayeur telle qu'il en tomba mort. De là le nom de Crêt du molare qui, d'après la légende, a été donné à une des jolies sommités boisées qui se trouvent à la limite des cantons de Vaud et de Fribourg, derrière le Folly.