La légende du sabbat de Châtillon [Vecoux (Vosges)]

Publié le 28 juillet 2022 Thématiques: Diable , Nuit , Pacte avec le Diable , Protection , Sabbat , Signe de croix , Sorcier , Sorcière ,

Sabbat de sorcières
Sabbat de sorcières. Source Chronique de Johann Jakob Wick (xvie siècle). via Wikipedia
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Source: Bour Henry / La Forêt vosgienne, son aspect, son histoire, ses légendes (1893) (moins d'1 minute)
Lieu: Bois de Chatillon / Vecoux / Vosges / France

Au siècle dernier, un homme de Vecoux revenait un soir de la veillée, lorsqu’en passant dans la forêt de Châtillon, il aperçut, à quelques pas devant lui, une bande de sorciers faisant le sabbat. Près d’eux, autour d’une marmite qui bouillait et lançait au ciel sa fumée noire et rougeâtre, d’affreuses compagnes étaient accroupies en rond et philtres amoureux et diaboliques.

Notre montagnard eut grand peur et joua des jambes pour se mettre hors de péril. Le bruit qu’il fit en courant décela sa présence, et il fut traîné au beau milieu du sabbat par plusieurs paires de bras qui le secouaient rudement – « Holà ! lui cria-t-on, tu seras des nôtres, ou tu ne sortiras d’ici ». – Et un affreux démon , tout noir, tout velu, lui présenta le pacte infernal, le pacte au bas duquel tous les sorciers mettent leur nom, en l’invitant à le signer avec son sang. Pour sûr, il eût voulu dire non, cent fois non, mais il n’osa.

Le voilà donc qui prend le parchemin d’une main, la plume de l’autre, et se pique le bras au bon endroit. Par bonheur, il ne savait point écrire, n’ayant jamais été à l’école, et, pour toute signature, il dut se contenter de faire une croix. Tout aussitôt, vous eussiez vu sorciers et sorcières enfourcher leurs manches à balais, et vole ! vole ! vole ! disparaître comme fumée chassée par le vent. Mais jugez de l’embarras du pauvre homme, quand, resté seul au milieu de la forêt tout empuantie d’une odeur abominable, il se retrouva à califourchon sur la branche la plus élevée d’un chêne qui dépassait de la tête tous les sapins d’alentour. Avant de toucher le sol, il faillit à maintes reprises se rompre le cou.


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