Le fermier du Breuil et son grand valet emmenaient, un soir, au logis du maître, la pierre d'autel de la chapelle de Notre-Dame, vendue par la Nation, en 1791.
La charrette était traînée par huit bœufs, et roulait à merveille jusqu'au terrier des Dames, ou des Fées, qui est l'un des trois mamelons de Troussepoil; arrivé là, l'attelage s'arrête, les bœufs sont immobiles, malgré les coups d'aiguillon qui déchirent leurs flancs. C'était l'heure où les esprits font la guerre aux gens attardés, surtout aux sacrilèges et aux profanateurs de choses saintes.
Le fermier dut se résigner à son sort, et attendre patiemment le premier chant du coq pour continuer sa route. « Loups-garoux, s'écria-t-il, quand l'écho l’eut répété, sorciers (et malins esprits, la retraite sonne pour vous, parlez et « laissez-moi passer. » Le chant du coq est, en effet, dans la pensée du peuple, le moment où les lutins, qui tourmentent les hommes, disparaissent, et, où les pierres qui virent, tournent sur elles-mêmes, et font leurs adieux aux bandes joyeuses qui les fréquentent pendant la nuit.
A cette apostrophe du fermier, un lutin répond : « Oui, mais le coq qui vient de chanter n'est pas un bon coq, c'est un coq rayé. » On appelle coq rayé le coq sorti tardivement d'un oeuf que la ménagère, pour s'assurer s'il n'était pas clair, a placé au soleil sur un tamis. Un autre coq chanta quelques temps après, celui-là était un vrai coq; les fantômes disparurent et la charrette franchit, sans difficulté, le ravin mystérieux.