La légende de la Dame Azalaïs de Toulon [Cannes (Alpes-Maritimes), Toulon (Var)]

Publié le 26 septembre 2023 Thématiques: De plus en plus lourd , Légende chrétienne , Marchand , Miracle , Or , Pauvre , Pèlerinage , Repentir , Saint Honorat , Saint | Sainte ,

La blason de Lérins avec sa palme
Henry Salomé, CC BY-SA 3.0 , via Wikimedia Commons
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Source: Raymond-Féraud / Histoire littorale du Midi de la France (1888) (2 minutes)
Lieu: Une maison / Toulon / Var / France
Lieu: Abbaye de Lerins / Cannes / Alpes-Maritimes / France

Raymond-Féraud, a raconté [...] en vers le conte de la Dame Azalais de Toulon, dans son histoire de saint Honorat. En voici le sujet, que j'emprunte textuellement au livre de Mary Lafon (Histoire. litt. du Midi de la France, p. 159.)

Une dame de Toulon, appelée Azalaïs, avait accompli durant sept ans, avec une foi vraie, le pèlerinage de l'île [de Lérins]. La septième année, elle obtint la palme qu'elle gardait précieusement, lorsque la guerre et la famine s'abattirent avec tant de rage sur le territoire de Toulon, que les pauvres gens furent contraints de l'abandonner pour n'y point mourir de misère, Azalaïs vint à Marseille, n'emportant qu'une seule robe, qu'elle vendit pour vivre, et la précieuse palme. Quand il ne lui resta plus rien, la bonne dame en détacha une feuille et, croyant, dans sa naïveté, que cette feuille aurait le même prix aux yeux de tout le monde, elle alla trouver le plus riche des changeurs et lui dit : « Seigneur, je te vendrai, si tu veux, un objet qui m'est très cher, et dont je te prie de me donner or ou argent. »

Le changeur regarda la feuille, et, voulant s'amuser de la simplicité de cette femme, il appela ses confrères, aussi indifférents qu'il l'était lui-même aux souffrances d'autrui, et demanda, en leur présence, à la pauvre Azalaïs, combien elle voulait de ce trésor. «Quatre feuilles d'or de même grandeur, répondit Azalaïs, quoiqu'elle vaille davantage. » — « Par ma foi, reprit le changeur, l'or n'est pas si commun qu'on le donne à première vue pour des feuilles de palmier, mais je t'en donnerai par exemple les deniers de Marseille qu'elle pèsera, car je vois bien que c'est chose précieuse. » Fais ce que tu voudras, seigneur, lui répondit la femme en soupirant.

L'opulent changeur prend son trébuchet, déplie, par raillerie, avec la plus grande précaution, la feuille enveloppée dans un morceau de drap de soie, la pose délicatement dans un des plateaux du trébuchet, et met douze deniers dans l'autre; mais la feuille pesa davantage.

Le changeur, tout émerveillé du poids de cette feuille, alla prendre sa balance, mit la feuille d'un côté et deux sols d'or pour contre-poids de l'autre, mais elle les enleva. De plus en plus surpris, il plaça cinquante sols bien comptés dans le plateau, la feuille les emporta comme un cheveu. Dans son dépit, il jeta dix livres d'or que la feuille enleva sans peine comme un petit bouton. Au comble de la surprise, cette fois, le marchand demande avec terreur à la pauvre femme qu'elle est cette feuille merveilleuse. « Une feuille, lui répond-elle, de ma palme de pèlerine.» – Le marchand d'or s'agenouille à ces mots, et après l'avoir conjurée de lui pardonner ses dédains et de prier pour lui saint Honorat, il lui donna de quoi braver la pauvreté toute sa vie et ne laissa point passer une année sans visiter, dans l'ile de Lérins, le saint qui faisait de si grands miracles.


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