On raconte qu'il y a bien longtemps, un paysan vivant à Götur, dans le Mýrdalur, partit pêcher près de l'île de Dyrhólar. Sur le chemin de retour de son embarcation se trouvait un marais. Alors qu'il traversait ce marais après la tombée la nuit, il rencontra un homme dont le cheval y était si profondément enfoncé qu'il ne pouvait le récupérer sans aide. Le pêcheur, touché par la situation, décida de l'aider et, à deux, ils parvinrent à libérer le cheval de la tourbe.
Lorsque l'animal se tint à nouveau en sécurité sur la terre ferme, l'étranger dit au pêcheur : "Je suis votre voisin, car je vis à Hvammsgil et je reviens, comme vous, de la mer. Mais je suis si pauvre que je ne peux pas vous payer pour ce service comme vous le mériterez. Cependant, je vous promets ceci : vous ne partirez jamais en mer sans attraper de poissons et vous ne rentrerez jamais les mains vides si vous suivez mon conseil. Ne prenez jamais la mer sans m'avoir vu passer en direction du rivage devant votre maison. Obéissez-moi strictement et je vous promets que vous ne prendrez jamais votre bateau en vain.
Le pêcheur le remercia pour ce conseil et il fut fait ainsi pendant trois années. Ne partant jamais en mer avant d'avoir vu son voisin passer devant sa maison, il prit toujours son bateau en toute sécurité et revint toujours les mains pleines.
Mais à la fin des trois années, un jour, tôt le matin, le pêcheur regardant par sa fenêtre vit que le vent et le temps étaient favorables et que tous les autres pêcheurs se précipitaient vers la mer pour profiter d'une si belle occasion. Toutefois, bien qu'il attendît heure après heure, espérant voir son voisin passer, l'homme de Hvammsgil ne vint jamais. Perdant finalement patience, il se mit tout de même en route. Mais lorsqu'il arriva au rivage, il découvrit que tous les bateaux étaient partis et étaient loin.
Avant la fin du jour, le vent se leva et devint une tempête. Tous les bateaux qui étaient en mer ce jour-là furent détruits et tous les pêcheurs se noyèrent. Seul le paysan de Götur pu y échapper, car il était le seul a n'avoir pu aller pêcher. La nuit suivante, il fit un rêve étrange dans lequel son voisin de Hvammsgil vint à lui et dit : "Bien que tu n'aies pas suivi mon conseil hier, j'ai quand même eu de la bienveillance envers toi et je t'ai empêché d'aller en mer, te sauvant ainsi de la noyade. Mais ne cherche plus à me voir passer, car nous nous sommes rencontrés pour la dernière fois." Et le paysan ne revit jamais plus son voisin passer devant sa maison.
