La légende de la morte ressuscitée [Cologne (Rhénanie-Palatinat / Allemagne)]

Publié le 31 octobre 2022 Thématiques: Amour , Animal , Bijoux , Cheval , Cimetière , Femme , Maison | Cabane , Mort , Peste , Résurrection , Vol ,

Maison Richmodis actuellement
Maison Richmodis actuellement. Source © Raimond Spekking
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Source: Kiefer F.J. / Légendes et traditions du Rhin de Bâle à Rotterdam (1868) (3 minutes)
Lieu: Maison Richmodis (Richmodis-Haus) / Cologne / Rhénanie-Palatinat / Allemagne
ATU: 990: La morte apparente ressuscitée

Vers le milieu du 14. siècle vivait au nouveau marché à Cologne le Seigneur d'Aducht (personnage illustre et de grande fortune) avec son épouse dame Richmodis. L'amour le plus tendre qui unissait les deux époux, la paix parfaite qui régnait dans leur intérieur, et leur conduite exemplaire leur avaient attiré l'estime universelle; bref chacun voyait en eux l'image la plus frappante d'une union heureuse.

Mais ce bonheur devait être affreusement troublé. Lorsqu'en 1357 la peste ravageait la contrée et enlevait une foule d'habitants, Richmodis fut inopinément frappée de maladie, et peu de jours après, la noble dame était étendue sur le lit de mort. Dans ces temps de terreur où chaque jour enlevait des centaines de victimes, il ne fallait point songer à un enterrement convenable; on avait plutôt hâte de faire sortir les morts des habitations. Aussi le Seigneur d'Aducht, quelque douloureuse que lui fût sa séparation de ces restes chéris, les fit enterrer avec toute la célérité et avec le moins de bruit possible, au cimetière des Saints Apôtres. Toutefois pour honorer en quelque sorte, dans la mort même, le souvenir de son épouse, il voulut que ses joyaux précieux ainsi qu'un anneau magnifique descendissent avec elle au tombeau.

Cette circonstance n'avait point échappé aux fossoyeurs, ils résolurent donc d'ouvrir la tombe pour s'emparer de ces trésors. A l'heure de minuit ils descendirent dans la fosse. Déjà ils avaient enlevé au cadavre la plupart de ses ornements, et ils allaient détacher de son doigt l'anneau d'un prix infini, lorsque dame Richmodis qui n'avait été qu'en léthargie, ouvrit les yeux et se releva. Les voleurs, s'imaginant que l'esprit de la défunte allait se venger sur eux de leur sacrilège, prirent la fuite avec une précipitation telle qu'ils laissaient derrière eux et les joyaux et une lanterne qu'ils y avaient apportée. La frayeur de la dame réveillée, se voyant dans le cercueil, n'était pas moins grande; ce ne fut que par de grands efforts qu'elle parvint à sortir, à la lueur de la lanterne, de son cercueil, et à se traîner jusqu'à sa demeure. Là tout était plongé dans un profond sommeil, et Richmodis fut obligée de frapper à coups redoublés à la porte, avant que l'un des domestiques s'éveillât pour demander du haut d'une fenêtre le nom de la personne qui désirait entrer à une heure aussi indue. Le valet apprenant le nom et reconnaissant la voix, courut saisi d'effroi auprès de son maître, et lui annonça l'épouvantable vision. Le Seigneur d'Aducht n'ajoutant aucune foi au dire de son valet, le traita de sot et d'imbécile, tourmenté de la peur des revenants, il finit par s'écrier, lorsque celui-ci confirmait la véracité de ses assertions par force serments: Il est aussi impossible que ma femme soit ressuscitée, qu'il est impossible que mes chevaux brisent leurs attaches, sortent de l'écurie, et montent au grenier pour y regarder par la fenêtre. Mais à peine eut-il prononcé ces paroles, qu’un piétinement épouvantable se fit entendre sur l'escalier, il vit à sa grande surprise, et non sans effroi, que ses deux chevaux pommelés escaladaient effectivement le grenier. S'armant de tout son courage, il courut alors lui-même ouvrir la porte de la maison, et l'aspect de son épouse venant à lui, le convainquit pleinement de la vérité que son valet lui avait annoncée.

Les soins les plus assidus rendirent à Richmodis les forces et la santé. Elle vécut après cet évènement pendant une longue série d'années dans une union fortunée, donnant encore à son époux trois fils; mais depuis sa résurrection, et en dépit de la paix de son âme, elle fut toujours sérieuse et absorbée par ses méditations,

On a montré pendant longtemps à Cologne la ci-devant maison d'Aducht, qui portait l'enseigne aux perroquets. Aujourd'hui il s'en trouve une autre à la même place, mais on a conservé de deux manières le souvenir de cet évènement. Deux chevaux pommelés en bois ont été placés dans cet édifice, regardant par la fenêtre du grenier le nouveau marché; on a donné à la rue attenante le nom de Richmodis.

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Source: Harou Alfred / Revue des Traditions Populaires (1896) (moins d'1 minute)
Lieu: Maison Richmodis (Richmodis-Haus) / Cologne / Rhénanie-Palatinat / Allemagne
ATU: 990: La morte apparente ressuscitée

Il y avait une fois un mari dont la femme venait d'être inhumée au cimetière de la ville. Le soir de l'inhumation, le malheureux époux se livrait aux plus vifs transports de désespoir lorsque, tout à coup, il entendit frapper à la porte de sa maison. - Qui est là ? clama t-il. - Ouvre la porte, je suis ta femme, lui fut-il répondu. - C'est impossible, ma femme est morte, bien morte, et enterrée. Et sans plus faire attention aux bruits et aux cris du dehors, notre homme continue à se livrer à sa douleur.

Le lendemain les mêmes faits se reproduisirent, sans plus de résultat que le premier jour. Le troisième jour, sur un nouveau refus du mari d'ouvrir la porte, la femme ajouta : « Je suis cependant bien réellement la femme, tu ne me crois pas et cependant ce que j'avoue est aussi certain que la présence de les deux chevaux à la fenêtre du grenier. »

Devant une affirmation aussi catégorique et aussi facile à vérifier, le mari fit appeler ses valets, qui eurent bientôt constaté la présence des chevaux à la fenêtre du grenier. Il courut alors ouvrir la porte, sa femme se jeta aussitôt dans ses bras, elle était vivante. C'est depuis lors qu'on aperçoit, aux fenêtres de [Cologne], les têtes de bois de deux chevaux, placés en souvenir de cet évènement.

Note: Dans sa version d'origine l'article situe la légende à Aix-la-Chapelle. Toutefois dans un numéro suivant, Hedwige Heinecke corrige en situant (et en justifiant) la légende à Cologne.


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