La légende de la reine du Gourgo [Le Mas-d’Azil (Ariège)]

Publié le 30 octobre 2022 Thématiques: Amour , Chevalier , Grotte , Mort , Noblesse , Noyade , Princesse ,

La grotte du mas d’azil
La grotte du mas d’azil. Source –Pinpin 20:58, 7 May 2006 (UTC), CC BY-SA 2.5, via Wikimedia Commons
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Source: Gaussen Louis / En Ariège ! : histoire, sites et légendes (1905) (2 minutes)
Lieu: Grotte du Mas-d’Azil / Le Mas-d’Azil / Ariège / France

Il y avait une fois — il y a de cela bien longtemps — un vieux roi qui avait une fille d’une beauté merveilleuse, Elle se nommait Aymigue, ce qui, dans la langue douce et chantante de la région, signifie Aimée.

Comme sa mère était morte, et que le roi, son père, la sachant savante et sage, l’avait associée à sa puissance, on l’appelait la Reine. Un jour vint où la Reine fut fiancée à un jeune prince qui habitait par delà les monts, sous le ciel de velours de la brune Espagne.

Après de longs mois, la venue du prince fiancé fut enfin signalée à la cour du roi par de nombreux hérauts d’armes. La princesse Aymigue n’avait jamais vu celui qui allait devenir son époux, les accords du mariage s’étant fait, ainsi que cela avait lieu le plus souvent, entre les ambassadeurs des deux pays.

Comme il tardait encore à venir, la reine, impatiente et curieuse — eût-elle été femme sans cela, et fiancée ? — résolut d’aller au-devant de lui, afin d’apercevoir plus tôt le visage de son futur maître et seigneur. » Le protocole de cette époque ne s’opposait nullement à cette démarche plutôt singulière, et les princes et les princesses, tout comme les autres hommes, avaient licence de suivre les secrets désirs de leurs cœurs.

Donc la reine prit avec elle de nombreux chevaliers, varlets et pages, munis de torches et, un sourire aux lèvres, une joie malicieuse dans les fleurs de ses prunelles, elle pénétra avec eux dans la grotte qu’elle devait traverser, pour rencontrer sur l’autre flanc des monts son royal fiancé.

Mais, tandis que le cortège était au milieu de la grotte, un grand vent venu de l’arche nord, s’élève soudain et souffle en tempête. En un instant, comme l’haleine d’un enfant éteint use lampe fragile, il souffle les torches et les ténèbres opaques enveloppent le cortège. La Reine, perdue sans doute en quelque rêverie d’amour, était demeurée seule a quelques pas en arrière. Affolée par la nuit soudaine, elle veut rejoindre ses gens qui, de leurs côtés l’appellent à grands cris. Mais le gouffre, au bord duquel elle venait d’arriver à son insu, s’ouvre sous ses pas. L’eau glauque la happe cruellement. On ne devait plus la revoir. La Gourgo garde en jalouse ceux qu’elle dévore.

Mais le pâle et blanc visage de la princesse Aimée vient, dit-on, flouer parfois dans son écume ». Bien qu’évocateur d’une fin tragique, l’apercevoir est, selon la croyance générale, présage de joie. Peut être exprime-t-il par là, à son insu, que celle à qui il appartient eut, de toutes les parts la meilleure, n’ayant connu de l’amour que l’attente anxieuse et douce, fleurie seulement des délicates fleurs du rêve…


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