La légende du couvent de Marienberg [Boppard (Rhénanie-Palatinat / Allemagne)]

Publié le 30 avril 2023 Thématiques: Abbaye | Monastère , Amour , Amour non partagé , Chevalier , Complot , Croisade , Duel , Jeune fille , Jeunes gens , Mort , Noblesse , Origine , Origine d'un lieu , Origine d'un nom , Repentir , Répudiation ,

Le couvent Marienberg
Kallewirsch, CC BY-SA 3.0 , via Wikimedia Commons
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Source: Kiefer F.J. / Légendes et traditions du Rhin de Bâle à Rotterdam (1868) (2 minutes)
Lieu: Couvent Marienberg / Boppard / Rhénanie-Palatinat / Allemagne

Le chevalier Conrad Bayer de Boppard issu d'une des plus nobles familles des pays rhénans, était un guerrier jeune et un peu brusque, mais point méchant, point incapable de sentiments doux. Il aimait Marie, damoiselle châtelaine du voisinage douée d'une grande beauté, il fut bientôt payé de retour, puis devint le fiancé de sa chère Marie.

Adonné passionnément à la chasse, Conrad passait maintes fois un laps de temps assez considérable auprès d'amis éloignés ayant mêmes inclinations que lui et étant tous célibataires. Soit que ceux-ci parvinrent à le dégoûter du mariage en général, soit que le jeune homme eût changé d'avis, bref, il envoya à Marie la déclaration, qu'il ne pouvait se résoudre à plier le cou sous le joug matrimonial, et qu'en conséquence il la déliait de la parole qu'elle lui avait donnée.

Quelque temps après, Conrad chevaucha seul dans le bois. Arrivé dans une clairière, il vit un chevalier étranger voler à sa rencontre, et s'arrêter devant lui comme pour le provoquer. „Qui es-tu?" demanda Conrad surpris, „et que me veux-tu en t'opposant ainsi à moi?" „Regarde mon bouclier," répondit l'étranger, „mes armes te serviront de réponse. Je suis le frère de Marie, revenu d'Orient; et je viens à ta rencontre, pour te demander compte de ton infidélité envers elle. Prépare-toi au combat, il s'agit de vie ou de mort."

Cette provocation hardie excita la colère de Conrad. Il tira son glaive du fourreau et le combat commença. Le faible bras de l'adversaire ne put résister longtemps aux coups puissants du chevalier Bayer, et frappé mortellement, l'agresseur tomba de son coursier. Conrad se hâta alors d'aller lui délier le heaume, afin de voir la figure inconnue; mais grands furent sa surprise et son effroi, quand il reconnut dans cette figure pâle les traits de Marie. „Je voulais mourir de ta main," dit d'une voix faible la mourante; „sans toi, la vie m'était à charge!"

En vain chercha-t-il alors à ranimer l'agonissante; la fille héroïque mourut peu d'instants après. Pareil à un aliéné, Conrad se jeta sur le corps inanimé; la douleur lui avait ôté toutes ses facultés mentales. Ce fut dans cet état que Conrad fut retrouvé par ses gens qui eurent beaucoup de peine à le rappeler à lui même et à le séparer du cadavre.

Marie fut enterrée avec la plus grande pompe possible, et Conrad qui depuis lors n'eut plus un moment de bonheur, fit, afin d'expier en quelque sorte sa faute, élever un couvent sur la tombe de Marie, ce monument auquel il fit don de tous ses biens, prit le nom de Marienbourg. Il partit ensuite avec une armée de croisés pour la Palestine, afin d'y trouver la mort qui l'unît à Marie. La mort sembla l'éviter pendant longtemps, la gloire et la victoire marchaient sur ses pas; mais enfin, à l'assaut de la forteresse de Ptolomaïs, le coup mortel d'un javelot ennemi atteignit le héros qui, combattant sans cuirasse, escaladait le premier les murs de la ville.


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