Saint Benoît, disent les paroissiens, voulut construire une église près de son héritage favori, au village de Pen-Bu; mais bientôt, il ne put donner suite à son pieux désir. A peine les fondations commençaient-elles à sortir de terre, que des milliers de grenouilles commencèrent à coasser sans relâche dans les marais voisins et troublèrent grandement les prières et les méditations de notre saint. Néanmoins, confiant en la bonté de Dieu, il supporta ce contre-temps avec patience et se mit en devoir de continuer son œuvre. Mais bientôt, les eaux étant devenues plus grandes, les grenouilles poussèrent l'audace jusqu'à venir établir leur demeure dans les constructions destinées à devenir l'église, malgré saint Benoît qui ne put les chasser et les détruire complètement. Alors, croyant voir un avertissement dans ce fait de la Providence, il se résigna à bâtir plus loin son oratoire, et alla en poser les premières pierres, non loin de sa fontaine, dans un lieu qui, dit-on, n'était alors que forêt, et près de l'endroit où avaient été construites tout d'abord les cellules de ses neuf compagnons. Ainsi prirent naissance le prieuré et le bourg de Macerac.
Dans son intéressante monographie Saint Benoît de Macerac, M. de l'Estourbeillon relate encore d'autres souvenirs dans la paroisse de Macerac, sur un coteau qui domine la vallée de la Vilaine, on voit une masse de rochers, appelés dans le pays la chaire de saint Benoît: « C'est là, disent les paysans, que sainct Benoist preschait au paouvre monde, et disait à nos anciens de tant si belles chaouses sur noutre divin seigneur Dieu. » Une procession s'y rend le 28 octobre. Les meilleurs champs de la paroisse aux environs du bourg s'appellent la Benoiterie. Non loin de l'ancienne église, au nord de la paroisse et au bord du marais, existe une ancienne fontaine, dite de Saint-Benoit ; elle est construite en gros appareil, dans le genre du XIIIe siècle; et, est surmontée d'une croix de granit. Au centre de son excavation existe encore une antique statue de saint Benoît en bois peint, de trente centimètres de hauteur environ. Elle représente un moine imberbe, vêtu de bure, la tête recouverte du capuce; la main droite retient, appuyé sur la poitrine, un livre peint en rouge, la gauche brisée au poignet, est tendue en avant, et semble avoir tenu une crosse. On vient prier devant cette petite statue, et plus d'un ancien, après avoir bu de l'eau de la fontaine, embrasse la statue avec une religieuse ferveur. Le tombeau est dans le cimetière, il est composé d'un seul bloc de granit posé sur un massif de maçonnerie; le couvercle en partie brisé, porte les empreintes d'une sorte d'étole gravée sur la pierre, et en tête une croix de saint André très distincte entre les deux bras de l'étole. C'est près de ce tombeau que les habitants viennent en pèlerinage « et l'on a jamais oueï prescheu, disent les anciens, qu'aôcun de ceulx qui'taint venüs besouëgner près de ly en preieres s'en fut retourné mécontent et marri. »