la légende de Bernfried et de l'ondine du Wildsee [Baiersbronn (Karlsruhe / Allemagne)]

Publié le 14 février 2024 Thématiques: Ermite , Fée , Lac , Mort , Noyade , Ondin | Ondine ,

Le Wildsee
Le Wildsee. Source Baernie, CC BY-SA 3.0 <https://creativecommons.org/licenses/by-sa/3.0>, via Wikimedia Commons
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Source: Anonyme / Les légendes des environs de Baden-Baden (1870) (2 minutes)
Contributeur: Fabien
Lieu: Wildsee / Baiersbronn / Karlsruhe / Allemagne
Motif: F212.0.1: Les fées des eaux F328: Les fées attirent les gens dans leur domaine

A quelques lieues du Mummelsée, vers le sud, se trouve sur le haut d'une montagne un autre lac, nommé Wildsée, duquel sort la Schönmünzach, ruisseau rapide, qui, après un court trajet, porte à la Mourg le tribut de ses eaux. Les environs y sont aussi, comme au Mummelsée, sombres et inhospitaliers; de blocs de rocher confusément amoncelés, forment les bords inaccessibles de ce lac; et des troncs d'arbres antiques, qui s'élèvent en grand nombre entre ces masses, forment une forêt de sapins impénétrable, qui reflète au loin son ombrage épais sur le lac. La légende fait aussi habiter ce lac par de gracieuses nymphes, qui sortent assez fréquemment de leur sombre empire des ondes et paraissent à la surface pour se récréer à la fraîche verdure de la forêt, à la clarté du soleil et des étoiles brillantes.

Ce sont des êtres féminins d'une beauté admirable, qui aiment à habiter les bords du lac, où, assises sur l'herbe touffue, elles dressent de charmantes guirlandes avec les fleurs des bois qui croissent en ces lieux, empruntent à la harpe des sons harmonieux et cherchent à se divertir d'une manière quelconque. Par un beau jour d'automne, Bernfried, jeune habitant de la vallée, dans le voisinage de Schönengründ, gardait son petit troupeau près du Wildsée. Plongé dans ses réflexions et rêveur, il était étendu sur le tapis de mousse de la forêt. Tout-à-coup des sons merveilleux frappèrent ses oreilles d'une manière si agréable, qu'il n'en avait jamais entendu de pareils, et une voix argentine et aussi pure qu'une cloche se mit à chanter une chanson qui remplit son cœur d'extase. Retenant son haleine et immobile, Bernfried prêta quelque temps l'oreille, puis se leva précipitamment; une puissance irrésistible l'attirait sur le bord de ce lac, d'où partaient les sons et le chant. Il voulait à toute force voir l'artiste qui savait rendre de sons si merveilleux, car il n'y avait que la bouche d'un ange qui fût capable de faire entendre des chants tellement harmonieux, qu'ils semblaient provenir du ciel. Avec la rapidité de l'éclair il traverse la forêt sans regarder en arrière ni de côté, uniquement occupé du désir de savoir d'où venait cette voix. Un ermite du voisinage qui connaissait bien ce chant et le sort funeste auquel il pouvait entraîner, vint au devant du berger pour le retenir, mais ses paroles furent vaines, Bernfried le repoussa et se hâta encore d'avantage, impatient de se rendre à l'endroit d'où venait le chant. Y étant arrivé il aperçut, assise sur un rocher au bord du lac, une femme de la plus grande beauté et dont la structure des membres ravissait d'admiration. Un charme enchanteur était répandu sur sa figure épanouie, une chevelure blonde tombait en boucles sur un cou de rose et sur ses épaules; de la main gauche elle effleurait les cordes d'une harpe, et à sa droite se tenait un chevreuil blanc comme la neige. Mais à peine eut-elle entendu le bruit des pas que faisait Bernfried en s'approchant, qu'elle se leva subitement, se dirigea vers le lac et s'y précipita sans balancer; alors les flots mugissants refermèrent sur elle et l'engloutirent dans un abîme sans fond. Les sons enchanteurs qui avaient d'abord séduit le jeune berger, s'emparèrent de ses sens par leur prestige à tel point, que le spectacle frappant qui s'était offert à ses regards, acheva de le fasciner et de le troubler complètement; tout-à-coup la démence s'empara de lui avec ses serres de vautour, et le força de s'éloigner de son pays; depuis lors on n'a plu entendu parler de lui.


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