A la Révolution; la vieille église de Saint-Cloud fut dévastée; les vases sacrés, les châsses et reliquaires, brisés ou brûlés. De pieux habitants, au péril de leur vie, sauvèrent du pillage quelques-unes des reliques, un os de l'avant-bras, une vertèbre, et la statue de bois doré, respectée par les mites. Ce sont ces objets qu'on offre encore à la vénération des pèlerins. Une légende nous raconte que cette statue merveilleuse, arrachée de sa niche par une espèce d'iconoclaste renommé par son impiété, avait été reléguée dans son grenier avec l'intention de la brûler. La fille de ce forcené, plus acharnée encore que son père contre cette pieuse image, s'écria en l'apercevant :
« Le jour de Saint-Vincent, fête des vignerons, tu nous serviras de bûche pour faire cuire notre rôti. »
Au jour dit, cette jeune fille rendit le dernier soupir, et, au lieu de rôtir Saint-Cloud, alla elle-même rôtir chez le diable. Cette statue miraculeusement retrouvée, est promenée processionnellement dans les rues de Saint-Cloud, ainsi que les parcelles des reliques enfermées dans une nouvelle châsse et placées dans la moderne église bâtie, comme on sait, sur l'emplacement même de celle qui avait été construite par le petit-fils de Clovis. Ces reliques, reconnues authentiques, ont motivé le rétablissement du pèlerinage de Saint-Cloud, et plusieurs paroisses de Paris, entre autres celle de Saint-Roch, vont, tous les ans, bannière en tête, et suivies de plusieurs milliers de pèlerins, faire leurs dévotions au tombeau du royal ermite.