La légende de Saint François, dompteur d’animaux féroces [Allinges (Haute-Savoie)]

Publié le 31 juillet 2022 Thématiques: Animal , Chapelle , Légende chrétienne , Miracle , Oiseau , Ours , Protestant , Saint François de Salle , Saint | Sainte ,

Chapelle Saint François de Salle
Chapelle Saint François de Salle. Source Les cloches savoyardes
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Source: Dessaix Antony / Légendes et Trad. Pop. de la Haute-Savoie (1875) (2 minutes)
Lieu: Chapelle Saint François de Salle / Allinges / Haute-Savoie / France

Les grandes figures légendaires ne sont le plus souvent que l’agglomération plus ou moins symétrique des traits les plus saillants qui ont caractérisé un certain nombre d’individus célèbres. Combien y a-t-il de tueurs de monstres confondus dans Hercule ? Combien y a-t-il fallu de dompteurs de bêtes féroces et d’apprivoiseurs de pigeons pour construire Orphée ?

A leur tour, ces types composés deviennent les éléments nouveaux d’organisations nouvelles, et les plus grands personnages du moyen-âge, voire même des temps modernes, se représentent, dans l’esprit des populations naïves, formés de pièces rapportées et vêtus en quelque sorte d’un habit d’arlequin. Cet habit est fait de lambeaux de différentes couleurs, c’est vrai, mais dans cette macédoine de nuances, il n’entre que celles qui frappent agréablement la vue; toutes les nuances ternes et désagréables à l’oeil en sont exclues.

Saint François de Sales est un type trop accompli pour ne pas réunir en lui-même toutes les perfections des héros de l’antiquité. Il ne peut le céder à personne, pas même à Orphée, et l’art d’apprivoiser les bêtes féroces fut aussi familier à l’apôtre du Chablais qu’au vates de la Thrace.

On sait que le saint avait établi son refuge aux Allinges, et que quand il sortait, les oiseaux venaient d’eux-mêmes se percher sur ses épaules. Pour se mettre à l’abri des recherches dont il était l’objet incessant de la part d’ennemis auxquels il faisait une guerre redoutable et finalement couronnée de succès, saint François était obligé de traverser des forêts profondes, où il n’y avait pas que des oiseaux ; les loups, les ours et les sangliers s’y rencontraient à chaque pas. Malheur à qui s’aventurait dans ces fourrés ! Il devenait la proie de ces animaux féroces, qui ne respectaient ni les bûcherons, ni les princes, puisque deux princes de Savoie ont dû la mort à ces implacables égalitaires.

Mais saint François, celui qui convertit tant de protestants, devait étendre son empire sur ces bêtes inconscientes de leur cruauté tout aussi bien que sur les fauteurs, hélas ! trop conscients de l’hérésie. Ceux-ci se mettaient à genoux quand ils avaient entendu la parole de l’apôtre, et ceux-là venaient s’accroupir à ses pieds dès qu’il apparaissait sur la lisière de leur repaire. Les loups cessaient leurs hurlements, les sangliers ne grognaient plus et les ours prenaient des airs de bonté étranges dès que le saint avait posé le pied dans leurs domaines. Ils se rangeaient sur son passage, et restaient agenouillés jusqu’à ce qu’ils l’eussent perdu de vue.

Enfin, le saint ayant terminé sa mission, il ne resta plus dans la contrée ni protestants ni bêtes féroces.


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