Le Ninvau est une colline boisée de la commune de Lanques, séparée du plateau par trois fossés profonds, couverte de meurgers, monceaux de pierres recouverts de mousse; camp romain d’après M. Pistollet de Saint-Fayeux.
Un jour, un habitant dit en patois à M. Daguin : « Pour aller au Ninvau, il faut avoir du pain et du sel. » Mais il n’en savait pas plus long. A quelques temps de là un autre, entendant parler du Ninvau, lui raconta l’histoire.
C’était un endroit hanté; on y voyait des flammes, on y oyait des cris épouvantables, vers minuit; parfois paraissait un esprit qui était tantôt grand comme un géant, tantôt nain (Nain-Vau); mais il était velu et, à coup sûr, terrible. Un esprit fort dit qu’il irait la nuit au Ninvau; il s’y rendit, suivi de gens en assez grand nombre qui, prudemment, s’arrêtèrent à distance. A minuit, le parieur dit : Esprit d’Ninvau Me v’lau!
Rugissement, forêt qui parait embrasée; deuxième hurlement, et une voix se fait entendre, disant: Si t’n’aivos ni pain ni sau, (sel) T’s’ros resté ai Ninvau.
Troisième rugissement; la forêt s’embrase; tout rentre dans le silence. Le parieur revient, pâle comme un mort; mais il ne voulut jamais raconter ce qu’il avait vu.