Pendant la Révolution, le brigadier Demante, commandant la brigade de Valdohon, était allé avec deux de ses gendarmes faire une perquisition dans le village d'Ouvans. Il entra dans l'église monté sur son cheval et suivit de ses deux compagnons. Il attacha son cheval à la table de la communion, monta sur l'autel, effondra le tabernacle et, prenant le saint-ciboire, vint communier son cheval.
Les deux gendarmes, muets d'étonnement, le regardaient faire. De retour au Valdohon, l'un d'eux raconta à sa femme l'horrible scène dont il venait d'être témoin. Cette femme fut prise d'un tremblement nerveux et affirma que le brigadier aurait une triste fin. En effet, quelques années plus tard, les mêmes gendarmes étaient allés, avec M. Dutois, maire de la Villedieu, dans un village voisin. C'était au printemps. Un orage les ayant retenus longtemps chez leur hôte, nommé Débiez, ils prirent des chemins de traverse pour arriver au Valdohon avant la nuit.
Les chevaux allaient vite. Celui du brigadier était en tête. Arrivés dans un bas-fond où se trouvait une flaque d'eau peu profonde et recouverte d'une poudrée de grésil, le cheval du brigadier s'arrêta, se renversa sur son cavalier, le broya en se roulant sur lui dans la neige et dans la boue; ensuite, se frappant lui-même la tête, cette tête qui avait été communiée, il s'assomma sur le corps de son maître, sans que les efforts et les coups des autres gendarmes et de M. Dutois, qui étaient accourus à leurs cris, fussent capables de l'arrêter.