La légende de la chasse du bois Rodolphe [Adam-lès-Passavant, Consolation-Maisonnettes (Doubs)]

Publié le 2 novembre 2023 Thématiques: Accident , Animal , Chasse , Chasser , Chasseur , Foret , Nuit , Ours , Récompense , Roi | Empereur , Sauvetage , Ville ,

Ruines de Châtelneuf-en-Vennes
Espirat, CC BY-SA 4.0 , via Wikimedia Commons
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Source: Thuriet Charles / Traditions populaires du Doubs (1891) (2 minutes)
Lieu: Châtelneuf-en-Vennes (ruines) / Consolation-Maisonnettes / Doubs / France
Lieu: Bois Rodolphe / Adam-lès-Passavant / Doubs / France

En ce temps-là, Rodolphe, roi de Bourgogne, chassait avec son grand veneur dans les vastes forêts qui couvraient les environs de Baume.

Un jour, dans le bois d'Adam, ils firent rencontre d'un ours énorme qu'ils poursuivirent avec leurs chiens. Rodolphe, que son ardeur poussait en avant, blessa l'animal; mais l'ours, s'étant retourné tout à coup, se précipita du côté du roi. Alors le cheval, effrayé à la vue du fauve, se cabra et fit perdre la selle à son cavalier, qui tomba et resta suspendu à l'étrier. Il allait être dévoré par l'ours où écrasé sous son coursier, lorsque le grand veneur, s'élançant à terre, arrêta le cheval d'une main et de l'autre enfonça son couteau dans les flancs de l'ours, qui expira sur le coup. En mémoire de cet événement, le roi voulut que le bois où il avait couru un si grand danger s'appelât de son nom: le Bois Rodolphe. C'est ainsi qu'il est encore désigné de nos jours.

Après cela, Rodolphe continua de chasser avec son grand veneur du côté de la montagne. Ce ne fut qu'un peu avant l'heure du crépuscule et après avoir parcouru bien du pays, que voulant reconnaître le dévouement de son veneur, le roi lui dit : « Il ne convient pas que le soleil se couche sur le service que tu m'as rendu, sans qu'auparavant je t'en aie dignement récompensé. Dis-moi ce que tu veux, et je jure de te l'octroyer. »

Le veneur demanda à son maître le territoire d'autant de villages qu'il pourrait tuer de grosses bêtes depuis minuit jusqu'au prochain lever du soleil. Le roi le lui accorda, et tous deux se couchèrent sous un grand chêne et s'endormirent. Mais quand vint l'heure de minuit, le veneur se leva tout doucement, sans éveille roi, et partit pour la chasse avec deux piqueurs.

Quand le prince s'éveilla, au moment où les oiseaux de la forêt saluaient l'aurore de leurs chants, grande fut sa surprise en voyant à ses pieds son grand veneur qui sommeillait sur la mousse, ayant autour de lui quatre sangliers, deux ours et deux cerfs, tués de sa main pendant sa chasse nocturne. La vue de ces huit pièces de gibier rappela au roi le service que son veneur lui avait rendu et la récompense qu'il lui avait promise. Alors, le tirant familièrement par la barbe pour le réveiller, il lui dit en souriant: « Lève-toi, brave serviteur; pendant que ton maître dormait paresseusement, tu as gagné le territoire de huit villages. » Or, ces huit villages sont ceux qui se trouvent dans cette partie du canton de Pierrefontaine qu'on appelle encore aujourd'hui le Champ du Veneur ou la terre de Vennes.

Au lieu même où le roi avait dormi, c'est-à-dire au-dessus du rocher sous lequel le Dessoubre prend sa source, le veneur fit bâtir le beau manoir de Châtelneuf, fameux dans toute la montagne par l'aventure merveilleuse qui survint à Ottenin de Vennes, l'un des plus illustres descendants du fondateur.


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