La légende de Notre-Dame de la Grange-Ravey [Baume-les-Dames (Doubs)]

Publié le 1 mars 2024 Thématiques: Brigand , Grotte , Légende chrétienne , Libération , Mort , Prière , Prisonnier , Statue , Statue de la Vierge , Vierge ,

La roche de la légende ?
La roche de la légende ?. Source Google Street View
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Source: Thuriet Charles / Traditions populaires du Doubs (1891) (2 minutes)
Lieu: Notre-Dame de la Grange-Ravey / Baume-les-Dames / Doubs / France

Entre Baume-les-Dames et Hyèvre, quand on a traversé le joli hameau de la Grange-Ravey, la route passe au bord du Doubs sous un rocher gigantesque. On dirait le portique d'une cathédrale. A la voûte de ce porche naturel, le voyageur remarque, enfermée dans une petite cage de fer maillé, une madone antique, aux pieds de laquelle venaient autrefois s'agenouiller de nombreux pèlerins; car cette madone est miraculeuse, ainsi que beaucoup d'autres du pays qui représentent comme elle la Vierge pleine de grâces.

Parmi les récits merveilleux que l'on pouvait recueillir jadis, en passant sous ce roc formidable, il y avait celui-ci que racontait naïvement la bonne mère Pauthier, de la Grange :

Un homme d'Hyèvre, dont elle citait le nom et qui s'appelait Couleau ou Poulot indifféremment, avait un jour été pris par les gendarmes, à la suite des brigandages de toutes sortes dont il s'était rendu coupable. Ce misérable avait, disait-on, renoncé au Fils de Dieu et à tous les sacrements de l'Eglise, sous l'espérance que le diable lui avait donnée de le sauver de l'échafaud. On assurait toutefois que ce mauvais drôle n'avait jamais passé une seule fois de sa vie sous le rocher de la Grange-Ravey sans réciter dévotement un Ave Maria, seule prière de son enfance dont il eût gardé le souvenir, et qu'il avait toujours refusé de consentir à la demande que lui faisait le démon de renier la sainte Vierge. Il s'en trouva bien; car, ayant aperçu l'image de Notre-Dame suspendue à la voûte du rocher, comme on le conduisait à la prison de Baume, il lui adressa cette supplication : « Marie, pleine de grâces, vous seule en qui j'espère, sauvez-moi par miracle. Je me repends de tout le mal que j'ai fait. Conjurez pour moi la miséricorde éternelle de Dieu. Je suis si coupable que je n'ose moi-même m'adresser à lui pour implorer mon pardon. » Il n'avait pas fini de prier que la sainte Vierge, touchée de la sincérité de son repentir, rompit miraculeusement les chaînes qui le tenaient attaché au poitrail des chevaux de ses conducteurs, lesquels prirent le galop en abandonnant le prisonnier qu'on ne put jamais retrouver.

Il s'en alla dans les montagnes, où il se tint caché pendant de longues années, puis il se fit ermite dans un creux de rocher. Ses crimes étaient depuis longtemps expiés et oubliés des hommes et de Dieu, lorsqu'une nuit d'hiver son cœur usé ayant cessé de battre, les anges vinrent chercher son âme pour l'emporter au ciel.

A quelque temps de là, on retrouva son cadavre gelé au fond de sa grotte. La légende ajoute que quand on vint le lendemain pour en faire la levée et lui rendre les honneurs de la sépulture, il n'y était plus. On trouva bien étrange cette disparition sur laquelle on ne put donner aucune explication satisfaisante. La petite caverne qui a été la dernière demeure du solitaire est bien connue des enfants de Baume et on l'appelle encore la Cave Couleau ou Cave Poulot.


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