Comme le diable pouvait nuire aux gens, aux biens, au bétail, aux constructions nouvelles, il s'agissait de se mettre à l'abri de ses coups et de ses ruses.
A Ormont-dessus, vers l'an 1400, avant qu'on se décidât pour l'emplacement du temple actuel, la légende rapporte que trois piquets furent plantés dans trois endroits différents : l'un aux Jans, l'autre aux Thomasseys et le troisième sur la rive gauche de la Grande Eau, au pied du Rachy. « Le dernier des piquets qui restera, avaient dit les conseillers d'alors, nous indiquera le lieu où nous devrons élever notre église. Ce sera la preuve, à coup sûr, qu'à cet endroit du moins le diable n'y peut rien ». Qu'arriva-t-il ? le piquet des Jans tomba le premier par un coup de vent, celui des Thomasseys tomba ensuite, et malheureusement celui qui resta debout le dernier fut le seul planté « au revers de la vallée, » dans l'endroit le plus défavorable, appelé dès lors Vers l'Eglise. Il fallait bien que le diable s'en mêlât pour faire un choix pareil.
Ce temple et la cure qui l'avoisine sont si singulièrement placés au point de vue du soleil qu'un paroissien me disait un jour : « Enfin voilà ! pour ceux de Vers l'Eglise, il faut encore qu'ils fassent attention pour voir le soleil; là, il n'est rien de trop d'être deux : l'un pour le voir lever, l'autre pour le voir coucher, encore n'est-on pas bien sûr de ne pas le manquer!... En tout cas, M. le pasteur peut prêcher, le jour de Noël, du soleil levant au soleil couchant, sans risquer d'être jamais trop long! »
Consacrée en l'année 1420 environ, cette église fut, jusqu'en 1480, une simple annexe de celle d'Ormont-dessous et fut placée sous le vocable de saint Théodule.