Dans une maison solitaire, située à l'orient de [Corbeyrier], au pied d'un petit bois, et portant le nom de Camp, se trouvait [...] un curieux servant [lutin]. On l'entendait dans les profondeurs de la terre, sous les soubassements de la maison, battre du tambour d'une manière très distincte.
Aux questions que lui posait une domestique, il répondait par des coups frappés sous le plancher.
-Combien sommes-nous dans la chambre ?
-Combien Jean a-t-il de boutons à ses guêtres ?
-Combien tombera-t-il de fois en descendant à Yvorne?
Le petit servant répondait à tout, très exactement, par ces coups mystérieux, dont plus d'un montagnard a gardé pour lui le chiffre étonnant. - On démolit la maison pour trouver la cause de ces battements ou de ces roulements singuliers. Le servant se tut, il ne voulut plus répondre. On rebâtit sur le même emplacement. A peine le premier plancher fut-il posé, que le petit servant tambour se remit à battre de nouveau sa caisse. Ce ne fut que vers l'année 1860 environ, qu'un homme très grave et très considéré des environs, ayant été appelé sur les lieux, réussit à conjurer le malin esprit et l'obligea à quitter le pays. Dès lors, il n'en est plus question et il ne reste du petit servant tambour qu'un lointain et mystérieux souvenir.