A Bex, canton de Vaud (Suisse) la légende rapporte qu’il faut attribuer l’honneur de la découverte des salines à une chèvre, qui quittait souvent son pâturage pour venir boire de l’eau salée, à un certain endroit, au milieu des buissons qui bordent le torrent de l’Avençon. Pendant longtemps le berger ne s’apercut pas des absences de la chèvre; mais comme celle-ci devint la plus belle du troupeau et celle qui donnait le plus de lait, il la surveilla de plus près que les autres. Les premières fois que l’animal s’esquiva pendant qu’il faisait le guet derrière un tronc d’arbre, il ne put le suivre à travers les rochers et les précipices. Mais ayant remarqué que sa chèvre prenait toujours le même chemin, le pâtre alla se poster à une certaine distance et vit enfin la place où la bête allait s’abreuver. Il y parvint lui-même après mille difficultés; puis, comme après une pareille escalade, la soif se faisait sentir, il eut l’idée de se désaltérer et reconnut que l’eau devait provenir d’une source salée.
Aussitôt qu’ils eurent connaissance de ce fait, les habitants du village se mirent à la recherche de la source qu’il trouvèrent sortant de terre près de la Gryonne, au-dessous du village d’Arveyès, et, comme à cette époque, c’était au quinzième siècle, le sel était fort cher et le bois bon marché, ils établirent, dans un hangar près de la source, un grand chaudron dans lequel ils se mirent à fabriquer le précieux assaisonnement de leurs mets. Le gouvernement Bernois, qui avait alors le monopole de la vente du sel, finit par s’apercevoir de la concurrence et, en 1684, acheta la source salée. […]
La société des embellissements de Bex pourrait, avec à propos, faire ériger devant l’établissement des Salines la statue de la chèvre à laquelle est due la richesse de la compagnie et du pays.