La légende de la sorcière et du Manneken-Pis [Bruxelles (Bruxelles-Capitale / Belgique)]

Publié le 27 février 2024 Thématiques: Eau , Enfant , Fontaine , Origine , Protection , Punition , Sorcière , Statue ,

Le Manneken-Pis
Le Manneken-Pis. Source Niels Mickers, CC BY 3.0 NL <https://creativecommons.org/licenses/by/3.0/nl/deed.en>, via Wikimedia Commons
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Source: Devogel, Victor / Légendes bruxelloises (1891) (2 minutes)
Contributeur: Fabien
Lieu: Manneken-Pis / Bruxelles / Bruxelles-Capitale / Belgique

Il y avait une fois une méchante sorcière. Cette sorcière était très vieille et depuis bien longtemps elle habitait une maisonnette située au coin de la rue du Chêne et de la rue de l'Étuve, ou Stoefstraete, ainsi appelée parce qu'en 1212 déjà, et bien avant cette époque peut-être, il s'y trouvait une étuve ou bain public. Cette méchante femme avait fait du mal à presque tous ses voisins, qui la craignaient beaucoup. Elle était sale et mal vêtue et ne sortait que le soir. Où allait-elle ainsi toute seule? Nul ne le savait, et personne ne cherchait à le savoir, car pour cela cela il eût fallu la suivre et qui eût osé le faire? Quand un bourgeois attardé, rentrant chez lui, la rencontrait, il faisait un crochet pour ne pas se trouver trop près d'elle; et les petits enfants cachaient leur tête dans les jupes de leur mère, lorsqu'elle passait silencieuse et courbée.

Il y avait aussi un bon vieillard. Ce bon vieillard était autant aimé que la méchante femme était détestée; il faisait beaucoup de bien aux pauvres gens et on était heureux rien qu'à le voir. Les petits enfants n'en avaient pas du tout peur.

Or, un jour, un petit garçon qui passait dans la rue de l'Étuve s'arrêta et, sans prendre garde à l'endroit où il se trouvait, se mit à satisfaire un besoin impérieux, mais fort naturel, contre la porte de la maison de la sorcière. Cela s'est vu de tout temps et se voit encore chaque jour.

Mais la sorcière, entendant peut-être un bruit insolite, sortit de sa demeure et apercevant le petit bonhomme qui finissait à peine, lui dit tout en colère :
– Tu as déshonoré ma maison en faisant ce que tu as fait. Je te condamne donc à faire la même chose durant toutes les années, tous les siècles qui vont venir.
Puis elle rentra chez elle.

C'était une méchante femme, n'est-ce pas? et l'enfant ne méritait pas un châtiment si sévère. Aussi, que vit-on soudain? Le bon vieillard apparut tout à coup, portant dans ses bras une statuette de pierre qu'il mit à la place du petit garçon. Il prit celui-ci par la main, le conduisit auprès de ses parents, et depuis ce temps la statuette a toujours fait ce que l'innocent bambin aurait dû faire si le bon vieillard n'avait pas été là.


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