La légende de la fille du géant du Nideck [Oberhaslach (Bas-Rhin)]

Publié le 14 avril 2023 Thématiques: Champs , Château , Enfant , Géant , Paysan ,

Château du Nideck
Château du Nideck. Source AnRo0002, CC0, via Wikimedia Commons
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Source: Kiefer F.J. / Légendes et traditions du Rhin de Bâle à Rotterdam (1868) (2 minutes)
Lieu: Château du Nideck / Oberhaslach / Bas-Rhin / France

Lorsque les êtres surnaturels hantaient encore l’Allemagne, une famille de géants résidait au château de Niedeck. Ces beaux temps sont passés, le château est depuis longtemps ruiné, mais le peuple n'a pas oublié les faits de ses compatriotes d'autrefois, et parle encore de leur taille et de leur force extraordinaire. C'étaient, suivant la légende, des géants énormes qui se tenaient loin du commerce des habitants du voisinage; étant d'un naturel doux, ils ne faisaient du mal à personne.

Or, il arriva que la petite fille du propriétaire châtelain s'éloigna, tout en se promenant, plus qu'à l'ordinaire de Niedeck. La jeune géante porta ses pas dans la forêt voisine et arriva à une vaste étendue de champs et de prés. Elle y aperçut un paysan avec son cheval et sa charrue.

Ce fut une chose toute nouvelle pour la jeune fille! Pendant quelques instants elle examina avec surprise cet homme labourant son champ. Pleine d'une joie enfantine à cette aspect, elle battit des mains. Les montagnes retentirent de sa joie bruyante, le bon laboureur s'arrêta tout effrayé, son cheval se cabra. „Quel joli joujou!" s'écria la jeune géante; avant que le campagnard sut d'où partaient ces paroles, la fille était déjà près de lui; elle le ramassa lui, son cheval et sa charrue avec tant de facilité, que si ç'eut été un petit objet ciselé dans le Tyrol, et emporta le tout dans son tablier.

Toute joyeuse elle retourna chez son père au château. Vois donc !" s'écria-t-elle, toute heureuse, en posant sur la table le paysan avec sa charrue attelée, „vois donc quelles gentilles petites figures je viens de trouver! un joujou vivant! oh, j'en aurai plus de plaisir que de toutes mes poupées de cuir qui ne savent pas se mouvoir !"

Mais le père répondit d'un air sévère: „Ma petite fille, sais-tu bien ce que tu as fait, sais-tu ce que tu apportes ? Tu as enlevé le paysan de son champ, tu l'as arraché de son travail, lui le plus utile de tous les humains, lui qui ne craint ni soleil, ni pluie, ni vent pour forcer la terre à nous fournir ses fruits! Sans ce que tu nommes un joujou, dans ton ignorance d'enfant, il n'y a de pain ni pour nous autres géants, ni pour l'humanité en général. Reporte donc bien vite l'homme avec son cheval et sa charrue; et retiens une fois pour toutes : „que celui qui se fait méchamment un jouet du paysan laborieux, s'attire la malédiction du ciel.“ Et sur les ordres de son père, la fille du géant remit le laboureur avec l'attelage à l'endroit même, d'où elle l'avait enlevé.


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