On raconte à Neuville-Day et à Montgon qu'une famille noble émigrant, il y a de cela longtemps, si longtemps que dans le pays on ne connaît même plus le nom de cette famille, avait entassé dans d'immenses et lourds chariots tout ce qu'elle possédait de meubles, de richesses, sans oublier, surtout, les cloches du donjon et de la chapelle.
Or, traversant les marécages qui entourent la ferme de Beaufuy, les chariots s'embourbèrent, puis s'enlisèrent avec toutes leurs richesses si au fond dans la vase qu'il leur fut impossible de les en retirer.
Ils y sont encore aujourd'hui, affirme la légende, et presque tous les enfants qui vont faire pâturer leurs bestiaux dans les pres avoisinant ces marais ne manquent pas de fouiller profondément la vase avec la plus longue perche qu'ils ont pu trouver. Et pour peu qu'ils rencontrent un obstacle, une pierre, ils s'écrient, quelque peu tremblants : " Ah ! les cloches du seigneur ! " Parfois même, racontent-ils le soir à la veillée, ils les ont entendu sonner.