Un jour saint Marcoul, ayant quitté ses bois d'Ecordal, allait à Attigny, monté sur son âne. Il était proche le château de Parfondrupt lorsque l'orage éclata; puis survint la nuit. Mouillé, transi de froid, il frappe à la porte du castel demandant l'hospitalité pour sa monture et pour lui. Le seigneur lui fit fête, mais quant à l'âne, il ne voulut pas l'héberger. Il l'envoyait paître dans la prairie qui s'étendait le long du château.
L'orage avait cessé, la lune avait reparu, les étoiles brillaient. Voilà que des maraudeurs vinrent rôder autour du manoir, essayant d'y pénétrer pour piller si cela leur était possible; mais toutes les portes étant fermées, ils ne purent réussir. C'est alors qu'ils aperçurent l'àne. « La bonne aubaine! dirent-ils, il faut le prendre, il nous sera d'un grand secours en temps d'expédition! » Ils s'approchèrent donc de l'animal qui, ne voulant pas se laisser saisir, se défendit, rua, trépigna, mordit tant et si fort, qu'il mit les bandits en grand désarroi. Pour se venger, ils lardèrent la pauvre bourrique des épieux dont ils étaient armés et s'enfuirent la laissant morte, sur place.
Quand parut le jour, Marcoul songeant à se remettre en route alla chercher son compagnon aux longues oreilles; hélas! il ne trouva que son cadavre, au milieu du pré. D'abord, le saint pleura; puis il pria, remerciant Dieu de cette nouvelle épreuve qui, certainement, lui serait comptée dans le paradis, et continua son chemin. Mais depuis, tous les ans au mois de juin, la nuit en pleine clarté de la lune, on voit « l'ombre de la bourrique » paître tranquillement dans cette même prairie, à l'endroit où elle fut enterrée et qui s'appelle « la pâture à l'âne. »