En la forêt de Momby - un écart, aujourd'hui disparu, d'Ecordal - l'on entrevoyait, au milieu des brouillards, quand arrivait le crépuscule, un bouc qui dansait au son du violon. Qui tenait ce violon? Malheureux ceux qui se rencontraient face à face avec ce bouc! Aussi, les voyageurs attardés s'enfuyaient-ils promptement lorsqu'ils entendaient ce violon. Mais, hélas! cette fuite ne les sauvait pas toujours de la mort, car, emportés par leur course fatale, ils courraient droit devant eux, n'étant arrêtés que par un marais dans lequel ils se noyaient. L'armée du roi Henri IV ayant détruit le castel de Momby le jour même où le seigneur de Momby mariait sa fille, toutes les fermes dépendantes de ce castel furent incendiées et tous les bestiaux périrent dans les fiammes. Seul, un bouc réussit à s'échapper.

Depuis ce jour, il erre au milieu du bois et vient souvent, la nuit, faire un pélerinage aux lieux où s'élevait Momby. Quelquefois aussi, l'on entend venant de loin, de très loin, les sons d'un violon; airs tristes ou gais selon que le bouc bêle joyeusement ou pleure, en dansant sur les ruines des fermes qui furent son ancienne demeure.