[...] Le fameux Mandelier, [...] se réfugia dans la forêt des Ardennes pour s'y soustraire à certaine condamnation qui l'avait frappé. Caché en plein bois, entre Bièvres et la Ferté, il s'était d'abord fait ermite, espérant trouver sa vie dans les offrandes que ne manqueraient pas de lui apporter les pieux pèlerins.
Ces offrandes n'ayant pas été aussi rémunératrices qu'il l'avait supposé, Mandelier brisa la tombe de saint Walfroy, s'imaginant que le saint avait été déposé dans son dernier lit de repos avec des trésors immenses et des objets précieux; témoignages d'admiration pour ses vertus, de reconnaissance pour ses bienfaits. La tombe était vide. Mais au moment même où il la fouillait, une main invisible s'abattant sur son dos le rouait de coups, le laissant inanimé.
Revenu à lui, Mandelier, plein d'effroi, résolut de ne vivre que de pain et d'eau, de consacrer le reste de ses jours aux prières et aux mortifications. Il voulut passer pour saint, il ne réussit qu'à passer pour sorcier.
Nos pères racontaient qu'en traversant la forêt on l'apercevait, parfois, au milieu d'un cercle de loups, leur causant, les admonestant, les engageant à ne pas égorger les troupeaux; et, la leçon terminée, les loups venaient lui lécher les mains avant de se disperser dans les bois.