La légende du puiset des Nonnes [Autruche (Ardennes)]

Publié le 27 novembre 2022 Thématiques: Abbaye | Monastère , Avarice , Destruction , Disparition , Engloutissement , Générosité , Jésus , Lieu englouti , Pauvre , Punition , Récompense , Transformation ,

Un couvent disparaissant sous les eaux
Un couvent disparaissant sous les eaux. Source Midjourney (IA)
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Source: Meyrac Albert / Traditions, légendes et contes des Ardennes (1890) (2 minutes)
Lieu: Le Puiset des Nonnes / Autruche / Ardennes / France

Entre Harricourt et Germont coule un petit ruisseau appelé « Le Puiset des Nonnes » qui va se jeter dans la Bar. Voici d'où lui vient ce nom. C'était au temps jadis, alors que Jésus-Christ et ses saints, prenant une forme humaine, voyageaient sur terre pour mettre à l'épreuve les bons et les méchants.

Or, un soir, le fils de Dieu arriva dans les Ardennes, seul, ayant laissé en route saint Pierre son compagnon, et, fatigué, harassé, ne pouvant aller plus loin, il s'arrêta devant un couvent de nonnes, un peu avant Germont. Ce couvent n'avait pas fort bonne réputation, car les nonnes, qui étaient autant de vierges folles, avaient transformé en un lieu de scandaleux plaisirs cet asile de la prière et de la paix. Elles étaient surtout dures aux malheureux, les rudoyaient, et jamais pauvre n'avait été secouru par elles.

Donc Jésus-Christ, sous la forme d'un vieillard couvert de haillons, amaigri par la faim, perclus, pouvant à peine se soutenir, frappa à la porte. — Toc ! Toc ! — Qui est là? — Un pauvre vieillard mourant de faim, ne pouvant continuer sa route tant il est fatigué et qui vous demande pour la nuit un abri et un morceau de pain. — Passez votre chemin, répondit une voix rude, notre couvent n'est pas pour les mendiants et les coureurs de nuit.

Mais il se trouva que la servante, plus humaine, dit au vieillard. — Entrez dans ma cellule, vous vous y reposerez et vous partagerez mon repas. Jésus-Christ entra : il mangea, dormit quelques instants assis sur un escabeau, puis s'étant éveillé il dit à la charitable servante : — Ma fille, prenez ici tout ce qui vous est précieux et suivez-moi! Ils sortirent.

Or, à peine avaient-ils fait quelques pas que la servante lui dit : — J'ai oublié de prendre ma cornette, permettez que j'aille la chercher. — Allez, ma fille, répondit le vieillard.

Mais au moment même où elle se retournait pour revenir sur ses pas, elle vit le couvent qui s'effondrait et ses ruines tout aussitôt recouvertes par des eaux boueuses sur lesquelles surnageait sa cornette.  Quant au vieillard, il avait disparu.

D'après une autre version de cette légende, ce nom de « Puiset aux Nonnes » viendrait de ce que les religieuses y donnaient des rendez-vous galants, sous prétexte, disaient-elles à leur supérieure, d'aller puiser de cette eau qui était plus fraîche, plus pure que partout ailleurs. Ce ruisseau, affirme-t-on dans le pays, est très profond, et son lit est hérissé de rocs et de roches ; sans doute les ruines de ce fameux couvent dont il ne reste plus trace.


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