La légende de la protection divine du château de Rochemaure [Rochemaure (Ardèche)]

Publié le 9 juin 2024 Thématiques: Argent , Attaque , Château , Noblesse , Pierre | Roche , Prière , Protection , Trahison , Transformation , Transformation en pierre , Vierge ,

Château de Rochemaure
Château de Rochemaure. Source *pascal*, CC BY 2.0 <https://creativecommons.org/licenses/by/2.0>, via Wikimedia Commons
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Source: Balleydier, Alphonse / Les Bords du Rhône de Lyon à la mer: chroniques, légendes (1843) (2 minutes)
Contributeur: Fabien
Lieu: Château de Rochemaure / Rochemaure / Ardèche / France

Dans ce temps là, le sire de Rochemaure, rude homme d'armes et fervent de religion, était en guerre avec le seigneur de Cruas, son riche et puissant voisin.
Déjà plusieurs combats sanglants avaient été livrés sous les murs du château, sans résultats aucuns, mais non sans gloire pour les parties belligérantes.

Dans un de ces combats, les deux chevaliers se rencontrant en face et lance en main se heurtèrent avec tant de force, que de leurs armurės, jaillirent des étincelles au point d'éclairer les ténèbres de la nuit.

Le sire de Cruas ne pouvant vaincre par l'acier eut recours à l'or.
Il est certain que trois hommes d'armés de Rochemaure furent assez félons, pour se laisser acheter.
Ils prirent heure et jour pour la trahison.
C'est à minuit, un saint jour de dimanche et la veille d'une fête de la sainte immaculée vierge Marie, qu'ils devaient ouvrir les portes du château.
Mais le sire de Rochemaure, je vous l'ai dit, est aussi bon chrétien que valeureux soldat, il a dans le ciel, auprès du Dieu des forts, une puissante protectrice, et dans sa chapelle seigneuriale, auprès de l'image du Sauveur, celle de la Notre-Dame.

Or, le soir de ce jour-là, il se trouvait en fervente oraison devant cette céleste image.
Sur sa poitrine de fer un long rosaire venu de Jérusalem glissait entre ses doigts d'acier.
Les ave Maria sortaient brûlants et nombreux de son cœur, et de ses lèvres, lorsque tout-à-coup une voix mystérieuse se fit entendre dans la chapelle sainte la voix disait : – Sire de Rochemaure, monte au plus haut de la tour et regarde.

Le sire de Rochemaure se levant, monta sur la tour et regardant, il vit trois hommes d'armes qu'il reconnut pour gens de sa maison.
La voix mystérieuse avait suivi le preux, au haut de la tour, elle reprit : – Sire de Rochemaure, ces trois hommes d'armes, attendent le prix de ton château, qu'ils ont vendu.

Dans ce moment, la lune se dégageant de gros nuages noirs qui l'ensevelissaient comme dans un suaire, envoya un de ses brillants reflets, sur les trois félons qui attendaient le prix de l'infamie.
Le preux aperçut alors une balance d'or et de nombreux gens de guerre qui s'approchaient en silence.

La voix que vous savez, se fit entendre une troisième fois, elle disait : – Sire de Rochemaure, écoute et bénis Dieu.
Le sire de Rochemaure, prêtant l'oreille, entendit aussitôt la cloche du castel qui, s'ébranlant d'elle-même, répandit au loin le tocsin d'alarmes.

Alors le vaillant chevalier clama son cri de guerre, et, à la tête des siens qui l'attendaient tous armés, il s'élança à la rencontre des ennemis et des félons; mais, ô prodige! sous les coups de sa lance qui brillait comme un éclair, les ennemis se dispersèrent en fuite sans résistance aucune, et les trois félons subirent une affreuse métamorphose, au moment où ils levaient leurs épées contre la poitrine de leur seigneur et maître.

D'hommes qu'ils étaient, ils furent changés en rocs qu'ils sont encore aujourd'hui.
Ce sont les trois rochers que l'on trouve aux bords du Rhône, à quelques pas du château.


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