La légende de la fuite de sainte Radegonde [Missy-sur-Aisne (Aisne)]

Publié le 8 février 2024 Thématiques: Amour non partagé , Âne , Animal , Cheval , Empreinte , Empreinte dans la roche , Fontaine , Fuite , Grotte , Légende chrétienne , Lieu miraculeux , Noblesse , Origine , Origine d'une trace dans la roche , Paysan , Pierre | Roche , Sainte Ranegonde , Saint | Sainte , Saut miraculeux , Source ,

Fontaine Sainte Ranegonde
Fontaine Sainte Ranegonde. Source Geocaching
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Source: Poquet, Alexandre / Les légendes historiques du département de l'Aisne (1879) (2 minutes)
Contributeur: Fabien
Lieu: Fontaine Sainte-Ranegonde / Missy-sur-Aisne / Aisne / France

La vie de sainte Radegonde est tout un poème, poème qui a été sculpté en pierre sur le portail de l'église de Missy-sur-Aisne, au XVI siècle. On sait que la jeune fille du roi de Thuringe qui avait été tirée au sort, après la défaite de son père, était tombée dans le lot de Clotaire, roi de Soissons, qui l'avait envoyée dans sa villa d'Athies en Vermandois, où elle fut instruite dans les lettres et la religion chrétienne. Parvenue à l'âge nubile, le prince Franck voulut l'épouser. Mais Radegonde, pleine de répugnance pour le destructeur de sa race, s'enfuit d'Athies pendant la nuit. Reprise et conduite à la villa de Missy, à dix kilomètres de Soissons, elle fut obligée d'en passer par la volonté de son farouche vainqueur.

Mais le moyen-âge a poétisé ce récit dont il a fait une légende aventureuse. On a donc figuré sainte Radegonde après son évasion du palais royal d'Athies, se réfugiant dans sa fuite sous une roche de la montagne de Missy où elle était parvenue au milieu des ombres de la nuit. Tandis que la fugitive se cache dans une grotte dont l'ouverture est imperceptible, un cavalier lancé à sa poursuite franchit la large pierre qui abrite la sainte. Mais sa monture s'arrête tout à-coup et enfonce ses pieds dans la pierre dure à une grande profondeur.

La légende ajoute que la Sainte, avant de pénétrer dans la grotte dont nous venons de parler, avait rencontré un paysan occupé à semer de l'orge. « Mon bon frère, lui dit elle, lorsque quelqu'un vous interrogera et voudra savoir de vous si une jeune étrangère a passé par ce chemin, vous répondrez, conformément à la vérité, personne n'a passé depuis que j'ai semé. » Le paysan promit d'obéir et aussitôt l'orge se mit à croître avec une telle rapidité que le colon dût la couper trois jours après, et l'envoyé de Clotaire venant à passer là et le questionnant il en reçut la réponse dictée par Radegonde. D'autres historiens ont cru que les marques qui sont restées gravées sur la pierre de de Missy étaient tout simplement les empreintes des pas de la mule de sainte Radegonde, qui s'était dérobée miraculeusement avec sa monture.

Quoi qu'il en soit, il y a sur la montagne de Missy, à 1,500 mètres de ce village, une roche curieuse, près de laquelle se trouve une fontaine. Ici ceux qui sout atteints de plaies hideuses et de maladies contagieuses de la peau, comme la lèpre, les ulcères et la gale, vont demander leur guérison en se lavant dans ses eaux comme font ordinairement les galeux. Le jour de Pâques les fidèles de la paroisse avaient l'habitude autrefois d'aller en procession faire leur pèlerinage à la fontaine; ils y déposaient en même temps de petites croix et puisaient de l'eau dans leurs mains pour se préserver des maladies de la peau. Innocents et pieux usages, dit notre Annaliste soissonnais, qui rappellent le souvenir de l'un des types les plus purs et les plus actuels de la femme chrétienne au Moyen-Age, le souvenir de la charité de sainte Radegonde qui soignait et pansait les malades de ses propres mains.

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Source: Poquet, Alexandre / Les légendes historiques du département de l'Aisne (1879) (2 minutes)
Contributeur: Fabien
Lieu: Grotte et empreinte de Sainte-Ranegonde / Missy-sur-Aisne / Aisne / France

[...] [Sainte Radegonde], la jeune captive de Clotaire, roi de France, s'était enfuie de la villa d'Athies, en Vermandois, où elle était gardée en attendant l'époque de son mariage avec son farouche conquérant, le meurtrier de sa famille, pour se soustraire aux lubriques passions d'un homme qui était resté son ennemi et pour lequel elle n'éprouvait que du dédain et de l'aversion.

La légende nous raconte que dans cette fuite précipitée, au milieu de la nuit et à travers un pays inconnu, Radegonde avait pressé sa monture et qu'après une course effrénée, par monts et par vaux, elle était arrivée, toujours poursuivie par les émissaires de Clotaire, jusqu'au sommet de la montagne de Missy, sommet qui la rattache au nord aux hauts plateaux du Soissonnais. Parvenu là, l'intelligent animal, comme pressentant le danger qui menaçait la sainte, en avait descendu, vers le nord-est, les pentes abruptes avec une rapidité vertigineuse. Frappée de terreur, la mule n'obéissant plus au frein qui la dirigeait, s'était élancée d'un seul bond sur une roche qui surplombait un précipice. C'est là qu'elle s'arrêta immobile. laissant sur la pierre l'empreinte de ses derniers pas, gravés à une grande profondeur. Puis elle s'était dérobée et avait disparu; obligeant la sainte à chercher sous cette roche, qui n'offrait qu'une ouverture presqu'imperceptible, un refuge qui la mît à l'abri contre ses persécuteurs.

La roche et la grotte existent toujours sur le versant de la montagne de Missy. Mais il faut de la bonne volonté pour y reconnaître aujourd'hui, après treize siècles, les pas de la mule de sainte Radegonde. Il est très probable, d'un autre côté, que l'attribution de ce fait ne date guères que du XVe siècle, quand on a placé ce village sous le vocable de sainte Radegonde dont on avait reçu d'importantes reliques en 1428, et qu'il fut dès lors destiné à rappeler l'épisode de sa fuite du palais d'Athics, en même temps que sa captivité nouvelle à la villa royale de Chivres, voisine de Missy.

C'était au reste une occasion et un moyen tout naturel de localiser ici ce grand souvenir historique de l'évasion de Radegonde, ou plutôt la translation de la jeune captive du palais d'Athies au château de Chivres, alors possession domaniale des princes mérovingiens qui en gratifièrent plus tard l'abbaye de Saint-Médard de Soissons.


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