L'église de Maxensele possédait une belle cloche : on ne trouvait rien de meilleur dans les environs.
Les habitants en étaient tout fiers!
Malheureusement elle n'était pas baptisée; mais les paysans de l'endroit pensaient que, quoique non consacrée, elle sonnait assez bien.
Leur négligence fut punie.
Un jour de novembre, le sacristain constatait que la cloche était partie.
Оù ?
Personne ne le savait.
L'après-midi cependant, quelques enfants qui avaient joué dans le bois, accoururent hors d'haleine :
« La cloche!» s'écrièrent-ils; « nous avons vu la cloche! »
« Où cela? »
"Dans le Mazelegracht!... Oui, oui, elle y est! » (Fossé de Mazele)
La nouvelle se répandit dans tout le village. Et voilà tout le monde qui court du côté du Mazelegracht.
C'est vrai!... La cloche est là, dans le fossé, à demi engloutie le bord est encore visible.
Que faire?
On attache des cordes autour de la cloche, on y attelle quatre chevaux solides et hu!
Hu hu!
La cloche se dégage un peu. Les habitants applaudissent.
Hu hu!
Les chevaux tirent, les cordes se tendent. La cloche remonte, remonte! Le peuple crie:
«Elle vient!... hu! »
Les chevaux ont de l'écume autour de la bouche, ils reniflent, ils tirent, tirent!... Les cordes se tendent plus encore; le conducteur frappe, son fouet se rompt.
Hu hu! crie-t-il, et il vomit un juron.
Le sol tremble, s'ouvre, engloutit la cloche, les chevaux, le conducteur, et se referme pour toujours!
Allez la nuit de Noël, à minuit, au Mazelegracht et vous entendrez la cloche qui sonne douze coups.