Non loin d'Englebelmer - Vitermont étaient autrefois situés deux couvents possédant des droits à peu près identiques sur les habitants du village. Les deux monastères étaient situés sur le versant de deux collines, dominées par le château du seigneur d'Englebelmer. Les moines de ces deux couvents étaient fort riches et jouissaient d'une grande autorité dans toute la contrée limitrophe entre l'Artois et la Picardie.
L'un des droits les plus exorbitants des moines était celui qu'ils avaient nommé la Purification, par lequel les jeunes filles qui se mariaient étaient tenues de passer leur première nuit de noces avec l'un des moines du couvent. Ceux-ci étaient les plus forts, et les pauvres paysans devaient se soumettre à la règle admise.
Les moines ne manquaient pas d'outrager les jeunes femmes et leur faisaient jurer sur le Christ de ne jamais dévoiler à leur mari le traitement odieux qu'on leur avait fait subir.
Le seigneur d’Englebelmer s'étant marié, sa jeune femme dut aller passer la nuit de Purification chez les moines de l'un des monastères. Le prieur la trouva fort à son goût et coucha de force avec elle; puis il lui fit faire le serment habituel. La châtelaine revint fort triste auprès de son mari. Inquiet, celui-ci la menaça de mort si elle ne lui disait la vérité. La jeune mariée raconta tout et, pour se venger, le seigneur brûla et prieurs et moines en mettant le feu aux deux couvents, dont il reste encore des ruines, paraît-il.