En entrant dans l'église St-Vulfran, on aperçoit attaché sur le mur du bas-côté gauche un énorme lézard empaillé, de quatre pieds et demi de haut, qui a l'attitude d'un animal grimpant.
On raconte qu'à une époque assez lointaine, ce lézard avait élu domicile dans un caveau de l'église et qu'il partageait sa demeure avec un énorme crapaud. Le soir venu, ce dernier se gonflait de telle sorte qu'il soulevait la dalle recouvrant le tombeau afin de permettre au lézard d'aller enlever les corps qui venaient d'être enterrés dans l'église, et que le voleur allait ensuite partager avec le crapaud.
Il arriva qu'un assez long temps s'écoula sans qu'on en terrât dans l'église. La faim, dit-on, chasse le loup du bois; elle chassa aussi le lézard de l'église; il alla s'approvisionner de viande fraiche chez un boucher du voisinage. Le boucher ne tarda point à s'apercevoir que ses quartiers de boeuf disparaissaient du soir au matin ; il s'embusqua et, la nuit suivante, il aperçut le voleur, qu'il suivit dans l'église St-Vulfran et le vit disparaître avec son butin sous une dalle qu'un crapaud avait soulevée à son approche.
Le jour venu, le boucher raconta son aventure à tous ses voisins; chacun s’arma d'un instrument quelconque et tous se rendirent dans la collégiale. La dalle fut enlevée et les deux carnassiers qu'elle recouvrait furent impitoyablement mis à mort.