La légende de la Roche du Jardon [La Grande-Verrière (Saône-et-Loire)]

Publié le 10 mai 2024 Thématiques: Animal , Date précise , Fontaine , Gardien du trésor , Gardien | Gardienne , Guérison , Lieu cachant un trésor , Monstre , Montagne , Pierre qui s'ouvre , Pierre | Roche , Serpent , Source , Trésor ,

Roches de Glenne, mais pas forcement le Jardon
Roches de Glenne, mais pas forcement le Jardon. Source Les randonneurs du mercredi
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Source: Sébillot Paul / Revue des Traditions Populaires (1896) (2 minutes)
Lieu: Le Jardon (Les Roches de Glenne) / La Grande-Verrière / Saône-et-Loire / France

Les roches de Glenne, commune de la Grande-Verrière dans l'Autunois sont une des curiosités du département de Saône-et-Loire. Elles sont l'été le but d'excursions des plus agréables. Les énormes châtaigniers plusieurs fois séculaires, aux troncs noueux et aux larges branchages qui les entourent en font le paysage le plus charmant que l'on puisse rêver. Ces rochers sont un grand dyke de quartz blancs massifs qui s'étendent sur plus d'un kilomètre sur le flanc d'une petite colline aux pentes rapides. Plusieurs de ces roches ont une forme assez étrange et capricieuse. Leur puissance est par endroits de plus de 15 mètres sur 20 de hauteur. Au point le plus élevé ou l'on domine toute la contrée et où l'on jouit d'une belle vue sur le Mont Beuvray où s'élevait Bibracte ; il reste un pan d'une ancienne et épaisse muraille, vestige d'un manoir féodal, ayant succédé lui-même à des vestiges d'habitations Gallo-Romaines dont nous avons reconnu les débris. Des restes de défenses ou relèvements des terres avec profondes dépressions creusées artificiellement dans la roche vive en font un lieu accidenté et sauvage.

Aussi un pareil lieu a-t-il été toujours aussi bien dans les temps anciens que même de nos jours, l'objet de récits merveilleux.

Le plus imposant groupe est appelé la roche du Jardon. Au sommet existe une pierre branlante dite la « Balle » en raison d'une forme qui rappelle celle du mannequin porté par les marchands colporteurs ambulants ; tout au pied dans une dépression, sort une petite source, dite la Fontaine des fées, et quelques pas plus loin une autre beaucoup plus belle qui ne jouit d'aucune considération. Dans la contrée, il règne un dicton : - La Roche du Jardon, - Vaut Beaune et Dijon.

En effet son sein renferme un trésor immense. Elle s'ouvre seulement un moment le dimanche des Rameaux, dit « dimanche des Pâques fleuries dans le Morvan ». Lorsque la procession rentre à l'église et que le prêtre frappe à la porte avec la crosse de la croix en chantant l'Attollitre portas, un grand serpent noir aux yeux brillants gardien de ces richesses sort alors de cette fracture donnant accès à la caverne et vient boire et se baigner à la fontaine ; ce serait le moment propice avant qu'elle se referme pour entrer dans l'excavation et y puiser. Mais la tradition ne dit pas qu'on l'ait jamais osé.

Dans les moments de grandes sécheresses on y venait aussi en procession pour obtenir la pluie et les bonnes femmes puisaient abondamment de l'eau qu'on jettait sur le curé, qui s'en retournait trempé comme une soupe. Cet agréable divertissement n'aurait cessé que depuis peu d'années au grand scandale des braves femmes, le nouveau curé ne voulant plus permettre cette licence.

On y venait aussi prier pour les malades atteints de la fièvre et y tremper le linge des enfants. On y apportait comme offrande un oeuf ou une pièce de monnaie qui étaient déposés après la prière sur une pierre à côté et que s'appropriaient les visiteurs mendiants ou autres à l'affût de cette aubaine. On y vient encore maintenant, mais avec moins de ferveur qu'autrefois et plus de scepticisme. Aussi les jeunes plaisantent-ils narquoisement les personnes âgées qui y viennent encore, en disant qu'elles vont faire : l'offrande aux mouches.


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