Le Lindelbronn, dont les traces matérielles ont conservé si peu d’importance, continue cependant à vivre par la légende. Dans les vallées, on se plaît encore à évoquer le souvenir de la fée de Lindelbronn, un de ces génies tutélaires qui passaient pour exercer leur influence mystérieuse sur les destinées des familles seigneuriales. […]
Telle était, pour la famille des Linange, la fée connue sous le nom de « petite mère des Linange ». Ceux qui ont eu la rare fortune de l’entrevoir, pendant une nuit nuageuse, quand, à la faveur d’une fugitive éclaircie, la lune jetait ses pâles rayons sur les créneaux du donjon, ont raconté que c’était une vieille petite fée boscotte, toute ridée et ratatinée, couverte d’un long voile blanc qui faisait étrangement ressortir le teint jauni de sa petite figure bienveillante. Elle ne se montrait qu’à la veille d’un grand événement, et suivant l’expression réjouie ou mélancolique de son attitude, on pouvait reconnaître si le bonheur allait entrer dans la maison, ou si la famille devait s’attendre à quelque désastre.