A la lisière du bois de Zouhoure, un pâturage est sur le versant de la montagne Azaléguy, et, au milieu du versant, un antre dominant un abîme.
Autrefois les pasteurs d'alentour perdaient leur bétail et n'en trouvaient trace nulle part. Un jour un effroyable serpent sortit de l'antre pour aller boire. On vit sa tête à l'eau du ruisseau, et la queue encore près de l'antre. Il attirait les brebis par sa seule aspiration et les engloutissait. Que fallait-il donc faire ?
En ce temps il y avait à Athaguy un chevalier, cadet de cette maison, qui n'avait peur. Il voulut savoir s'il serait maître du dragon. Il met une peau de vache pleine de poudre sur sa monture et il va. Quand il arriva à Harburia, il attache sa monture à une aubépine. De la crète de la montagne d'Azaléguy, il fait rouler par bonds et par sauts la peau au-devant de la caverne. Ah ! bien ! ! Le bon Dieu lui avait donné l'agilité. Il monte son cheval, comparable à l'éclair, descend le vallon, et se tourne vers Alçay. Il arrivait au col de Hangaitz, lorsqu'il entend comme un bruit de cent clochettes derrière lui. Le dragon ayant avalé la peau de vache, la poudre avait pris feu. Il roula en bas du bois d'Ithe fracassant les jeunes hêtres du bout de sa queue. Par Aussurucq il arriva à la mer et s'y noya. Pour le chevalier d'Athaguy, le sifflement du dragon et le bruit convertirent son sang en eau ; il entra dans son lit et mourut.
Les vieux disent que le dragon avait sept têtes.